Publié le Jeudi 4 février 2010 à 14h11.

Précarité dans la fonction publique  : Sarko super menteur ?

Contrairement aux déclarations de Sarkozy, sa politique augmente la précarité dans la fonction publique, alors qu’elle atteint déjà des niveaux records. Lors de son show télévisé, Sarkozy s’est dit prêt à « envisager la titularisation progressive des contractuels » de la fonction publique. Cette déclaration est en totale contradiction avec la politique menée par le gouvernement. Près d’un million de personnes sont non titulaires dans les trois fonctions publiques d’État, territoriale et hospitalière. 15 % des personnels ont un contrat précaire de droit public, sans compter les dizaines de milliers d’emplois aidés de droit privé. L’État est de loin le plus gros employeur de précaires. C’est un système généralisé qui permet de moins payer les personnels, les mettre sous pression, casser les conditions de travail, affaiblir les syndicats… Si l’annonce de Sarkozy était réellement mise en œuvre, elle concernerait 24 % des agents de la fonction publique territoriale (les collectivités territoriales, dont les régions), où la précarité est la plus développée. Certains secteurs ne reposent que sur des précaires : 99,6 % de non- titulaires dans les métiers d’assistante familiale, 88 % des animateurs de relais assistantes maternelles, 64 % des animateurs de centres de loisirs et 50 % des enseignants artistiques. Contrairement à ce que dit Sarkozy, sa politique est à l’origine de l’augmentation de la précarité. Il multiplie les suppressions de postes : 80 000 postes d’enseignants titulaires en moins entre 2007 et 2012 (un emploi sur dix). Dans l’enseignement, la réforme des concours et la masterisation vont avoir pour résultat un volant de précaires supplémentaire, pour des salaires misérables (1 250 euros par mois pour un délégué auxiliaire à bac+5, s’il a un temps complet !). Dans l’enseignement privé sous contrat, qui représente 20 % de l’Éducation, la précarité explose. Dans le secondaire sous contrat, un prof sur cinq est précaire (un sur vingt dans le public, mais en forte augmentation). Sur les 142 000 enseignants, 15,6 % sont non-­titulaires, dont 71 % de femmes et 45 % de temps partiel… Or on sait que bien souvent les profs du privé sous contrat sont un laboratoire des mesures qui sont ensuite généralisées à tous les autres. Le gouvernement n’a entamé aucune négociation réelle sur cette question avec les syndicats. Il y a fort à parier que Sarkozy faisait référence à une mesure qui existe déjà : le CDI après six années consécutives de précarité ce qui revient en définitive, à imposer six années de période d’essai. Cette loi, mise en application en 2005 dans l’enseignement public et en 2007 dans l’enseignement privé sous contrat, ne sert qu’à généraliser et casser les statuts existants. Elle s’est substituée à des garanties de réemploi des non-titulaires qui existaient précédemment. Ce CDI, attribué de manière totalement arbitraire est dérogatoire à toutes les lois qui s’appliquent dans le privé. Le Medef en rêve, c’est l’État qui l’applique pour son propre compte. Pour mettre fin réellement à la précarité dans la fonction publique, les seules mesures crédibles sont d’arrêter les suppressions de postes et de procéder à la titularisation de tous, avec les mêmes statuts que les titulaires. Loin de faire confiance aux fausses promesses de Sarkozy, les syndicats devraient profiter de ces déclarations pour informer et mobiliser sur la précarité, organiser et syndiquer les précaires, mener réellement la bataille contre les suppressions de postes. L’aggravation de la précarité concerne tous les salariés. La généralisation d’un double statut va accentuer la pression sur les statuts de titulaires et aggraver les conditions de travail de tous. À nous de convaincre dans les syndicats, qu’il est plus que temps de se mobiliser sur cette question, tous ensemble, titulaires et précaires. Correspondant