Publié le Mercredi 29 juin 2016 à 10h19.

Répression : Encore une semaine bien chargée !

Le ministre de la Justice est satisfait… La machine répressive de l’État tourne à plein rendement. Dans une interview à France-info mi-juin, il se félicitait de ce que depuis le début des manifestations contre la loi travail, 662 procédures avaient été engagées, et 250 personnes à ce jour détenues, condamnées lors de comparutions immédiates, ou mises en détention provisoire dans l’attente de leur procès.

On a souligné fort justement que l’interdiction ou l’entrave à des manifestations syndicales  avaient pour précédent celle du 8 février 1962 pour la paix en Algérie appelée par les organisations syndicales, le PCF et le PSU, tristement célèbre par la férocité de la répression à Charonne. Le gouvernement Valls pourra également « s’enorgueillir » d’avoir réussi à battre tous les records en matière d’emprisonnement de manifestantEs qui s’opposent à sa politique de régression sociale.

Nouvelle vague de répression le 23 juin

Ainsi, en Mai 1968, guère plus d’une dizaine de manifestantEs furent écroués et condamnés à des peines de prison ferme. En 1972, au plus fort de la répression contre la Gauche prolétarienne, moins d’une centaine de militantEs connurent les joies des cachots de la république... Nous avons donc affaire aujourd’hui à une répression de masse, à laquelle sont confrontés syndicalistes, antifascistes, « radicaux », et le plus souvent simples opposants à la loi travail. Et il semble que la machine répressive, loin de marquer le pas, soit en train de s’emballer.

Dès le matin du 23 à Paris, près d’une centaine de personnes étaient arrêtées préventivement pour le simple fait d’avoir été contrôlées à des manifestations précédentes. Les abords de la manifestation parisienne à Bastille étaient verrouillés par de nombreux check-point, où la possession d’un foulard, de lunettes de piscine, ou d’un « couteau à beurre » suffisait à interdire l’accès à la place, voire à faire l’objet d’un contrôle d’identité ou d’une garde à vue, comme cela a été le cas pour un militant de SUD PTT qui s’est vu notifier en prime un rendez-vous judiciaire ultérieur.

À cette heure, on ne peut faire un bilan exact des violences policières et des arrestations qui ont eu lieu au cours des manifestations sauvages spontanément organisées en riposte à l’entrave à manifester.

Rester vigilants

Le lendemain, vendredi 24 juin, Marcus, militant bien connu de la Brigade anti-négrophobie, se retrouvait devant le TGI pour sa participation à la première manifestation interdite sous l’état d’urgence, en soutien aux migrantEs le 22 novembre dernier. Rappelons qu’à l’issue de cette manifestation, 58 personnes avaient reçu des convocations policières pour de simples « rappels à la loi ». Il semble que l’État ne veuille pas en rester là : les réquisitions exorbitantes du parquet – 8 mois de prison dont 4 avec sursis – n’ont heureusement pas été suivies par la cour qui a prononcé une amende de 500 euros. Mais le ministère public peut très bien faire appel de la décision...

Hasard du calendrier, Jean-Marc Rouillan était poursuivi le même jour dans une autre chambre pour « apologie de terrorisme », et le même parquet réclamait un an de prison ferme pour des déclarations à une radio locale. Le délibéré sera rendu le 7 septembre. Et (encore !) hasard du calendrier, c’est mardi 28 juin que, sur appel du parquet, doit se décider si les faits reprochés au « groupe de Tarnac » doivent être requalifiés et faire l’objet d’une procédure antiterroriste, comme le souhaite ardemment Manuel Valls...

À l’heure des prochains départs en vacances, nous devons rester vigilants contre tous les mauvais coups qui pourraient pleuvoir sur le mouvement social dans les prochains jours, et organiser la continuité du travail anti-répressif pendant la période estivale.

Alain Pojolat