Publié le Vendredi 18 décembre 2009 à 19h01.

Routiers : un accord en trompe l’œil ?

Après deux ans de gel des salaires et d’absence de dialogue social, un simple préavis de grève avec menace de blocage des entrepôts de la grande distribution peu avant Noël aura permis aux routiers d’obtenir un accord jugé satisfaisant par les syndicats. La pression exercée par les salariés s’est révélée efficace et cela en raison de l’unité sans faille de l’intersyndicale (CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC), de la détermination de la base et du choix de la date prévue.

De ce bras de fer exemplaire ressort un sentiment de victoire que confirme Richard Jaubert, négociateur pour la CGT : « On a gagné une revalorisation salariale de 4 %, légèrement en dessous pour les catégories de salaires les plus hautes, l’augmentation des frais de notes de 3 % et une hausse de 3,56 % sur le salaire des cadres. L’engagement d’un calendrier a été pris au 1er janvier, pour la mise en place d’une mutuelle et aussi pour la rénovation de notre convention collective. »

Cependant, la signature d’une seule des organisations patronales, TLF, ne permet pas pour l’instant aux salariés des entreprises affiliées aux autres organisations (FNTR, OTRE et Unostra) d’en bénéficier. Le secrétaire d’État aux transports s’est engagé à étendre l’accord « à toute la profession [pour une application] dès le début 2010 ». La façon dont ce gouvernement (mal)mène le dialogue social et sa propension à se dédire permettent d’en douter. En outre, les entreprises du secteur engrangent au passage une réduction de 100 millions d’euros de cotisations patronales sans parler des réductions et aménagements à venir de la taxe carbone qui d’exonération en exonération ne touchera bientôt plus que les travailleurs.

En attendant la suite des évènements, ces quelques jours de négociations auront eu pour mérite de remettre sur le devant de la scène une profession en voie de paupérisation dont les conditions de travail se révèlent chaque jour un peu plus difficiles, une profession sans laquelle la « belle machine » capitaliste se gripperait bien vite !

Mais au-delà de cette victoire des routiers, on ne peut dissocier les difficultés d’un secteur en crise, de problématiques plus larges liées à l’environnement : pollution, destruction des écosystèmes notamment par la création de nouvelles autoroutes – l’exemple de la traversée centrale des Pyrénées est édifiant – ou aux politiques économiques et industrielles (délocalisations, flux tendus et « stocks roulants » …).