Vendredi 6 novembre s’est tenue la première réunion (syndicats, patronat, ministre du travail, experts) de la mission sur les salariéEs baptisés, au printemps dernier, de « deuxième ligne », celles et ceux qui vont « au front » derrière les soignantEs : c’est-à-dire en particulier les caissières, les manutentionnaires, les chauffeurs-livreurs, les éboueurs. En avril, Macron s’était fendu d’une déclaration, soulignant le travail de ces femmes et de ces hommes « que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal », citant même la Déclaration des droits de l’Homme qui affirme que « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Paroles, paroles, paroles….
En mai, Muriel Pénicaud annonce la couleur : pas de hausse du SMIC et négociations dans les branches professionnelles ! Depuis, plus rien de visible, à part une prime à géométrie variable selon les entreprises.
Aujourd’hui, la « deuxième ligne » continuent d’aller travailler tous les jours dans des conditions où la santé n’est souvent pas la première priorité des patrons, avec la crainte de perdre leur emploi et dans des transports en commun où la distanciation est impossible aux heures de pointe.
Le 14 octobre, à défaut de préparer les actions nécessaires (au-delà de celles qui se mènent déjà sur le terrain), les leaders des cinq plus importantes organisations syndicales écrivent au Premier ministre pour lui demander une « réunion d’urgence consacrée à la reconnaissance effective du rôle essentiel des salariés et salariées des emplois dits de la deuxième ligne ».
Castex a reçu une demande aussi polie cinq sur cinq. Deux expertes ont été désignées et ont organisé une réunion. L’idée est de travailler sur des « indicateurs dans une approche pluridimensionnelle qui prenne en compte la dimension salariale mais aussi d’autres aspects » (sic). Cette phase devrait se conclure à la fin de l’année par l’établissement d’un ensemble de critères « afin d’identifier les métiers concernés ». Ensuite, il y aura des discussions dans les branches… Le patronat demande du temps : « Nous souhaitons que l’on prenne le temps de réaliser un diagnostic au-delà de l’émotion suscitée par la crise » (Hubert Mongon, en charge du dossier au Medef).
Dans l’immédiat, la porte du Premier ministre est grande ouverte aux organisations de commerçants (beaucoup des plus petits ont des difficultés réelles) et les milliards du « plan de relance » pleuvent sans contrepartie sur les entreprises. Les « deuxième ligne » peuvent continuer à aller se faire décimer au front. À défaut de salaire, Macron distribuera peut-être des médailles !