1 142 personnes sont mortes en 2017 du fait de leurs conditions de travail. 542 des suites d’un accident sur leur lieu de travail, 264 des suites d’un accident de trajet, 336 des suites d’une maladie professionnelle. Il y a eu, en 2017, 641 000 accidents du travail dont 10 200 accidents potentiellement graves (entraînant une incapacité permanente de plus de 10 %).
Mais derrière le blabla du Grand débat et au milieu des larmes versées sur l’incendie du Fouquet’s, le gouvernement a bien la volonté de poursuivre ses réformes néolibérales, au mépris des salariéEs. Et après l’assurance chômage, l’hôpital, avant ou après les retraites, ce sont la santé et la sécurité des salariéEs au travail qui sont dans le collimateur.
Deux rapports contradictoires ont été remis à Muriel Péricaud, ministre du Travail. Le premier, jamais rendu public, sur la prévention des risques chimiques, rédigé par Paul Frimat, professeur de médecine à Lille, propose une série de mesures coercitives vis-à-vis des employeurs pour réduire l’impact des expositions chimiques. Selon la dernière enquête Sumer, en France, plus de deux millions de salariéEs sont exposéEs à des produits cancérogènes sur leur lieu de travail. Dans le second rapport, qui semble receuillir le soutien d’Édouard Philippe, la députée LREM Charlotte Lecocq et ses co-auteurs, le consultant Bruno Dupuis et Henri Forest, ancien secrétaire confédéral de la CFDT, recommandent moins de « contrainte » pour les entreprises, plus de « bienveillance » et de « confiance ». Selon eux, une prévention efficace doit privilégier une relation de confiance avec les employeurs : « La confusion entre conseil et contrôle nuit à l’établissement d’une relation de confiance ». À cause des contrôles, « l’image de la santé au travail » serait « désormais perçue comme une contrainte par les dirigeants ». Il faudrait au contraire voir la santé au travail comme « un enjeu de performance globale de l’entreprise », « un gage de réussite ».
Le rapport se rapproche des derniers arrêts de la chambre sociale de la Cour de cassation, plutôt favorables aux employeurs qui ne seraient plus soumis à une « obligation de sécurité de résultat » en matière de santé au travail, mais à une « obligation de moyens ». « L’obligation de sécurité de résultat, poussée à l’extrême, décourage la prévention ».
Dans la logique libérale, individualiste, du gouvernement, le rapport Lecoq suggère de faire de chaque salarié le propre acteur de sa santé au travail : « Faire de chacun un promoteur d’un milieu de travail simultanément propice à l’efficacité économique et au bien-être au travail », oubliant le lien de subordination qui existe entre unE travailleurE et son employeur. Les salariéEs sont invités à réaliser leurs propres « bilans de santé autonomes ». Et en cas d’accident, seuls responsables ?