Publié le Lundi 5 avril 2010 à 11h15.

Antiguerre : foutez-leur la paix !

Agathe Étienne et Nadhem Marsit sont membres du collectif toulousain « La Guerre tue » qui se veut un cadre de débats et d’actions contre la guerre, en particulier celle dite « contre le terrorisme » initiée en 2001. Ils sont à l’initiative du festival unitaire « Foutez-leur la paix » qui se tient en ce moment et jusqu’au 8 avril à Toulouse. Pouvez-vous présenter le festival Foutez-leur la paix  ? Agathe : C’est la 4e édition cette année, mais pour la première fois elle réunit une dizaine d’organisations toulousaines. Deux débats et un concert sont organisés de manière collective. Il y a également une série d’événements plus spécifiques pris en charge par chaque organisation. Nadhem : Le but était de travailler ensemble sans nier les désaccords qui peuvent exister.Ce festival a été lancé par le collectif La Guerre tue, dont vous êtes membres. De quoi s’agit-il ? Comment ce festival entre-t-il dans le cadre de vos actions ? N: Le collectif La Guerre tue a pour but de promouvoir un mouvement antiguerre aussi large et puissant que possible et soutient toutes les initiatives qui pourraient mobiliser en ce sens. Le festival est une initiative qui se veut visible, un espace de débats où s’associent la culture, l’art et les discussions autour des thèmes de la guerre. A: C’est un moyen de parler de la guerre et des logiques de guerre, des conflits impérialistes en particulier au Moyen-Orient, dans un contexte autre que celui médiatique.N: Ce festival résume plusieurs axes du collectif. D’une part, promouvoir l’action contre la guerre par différents biais, mais aussi rassembler un grand nombre d’orgas, en dépassant les clivages politiques, pour pouvoir faire de la guerre une question importante, centrale, qui réunit du monde. Comment est-il devenu unitaire ?N: C’est parti du collectif « Non à l’Otan » qui a mobilisé autour du contre-sommet de l’Otan en 2009. Au retour de Strasbourg, une des propositions pour continuer de travailler ensemble a été d’organiser ce festival dans un cadre unitaire. A: Cela permet de placer le thème de la guerre qui est peu abordé, à un niveau central dans les débats politiques. Le festival offre un cadre efficace et fédérateur avec des assos et des partis politiques pour qu’au-delà de Toulouse, des actions soient entreprises et que ça puisse interpeller les militants et individus, car le mouvement contre la guerre pourrait avoir du poids, comme en Angleterre, en Italie... En quoi ce genre d’initiatives aide le mouvement contre la guerre ?A: En France, le mouvement contre la guerre est très faible, à l’état quasi végétatif. Il y a eu des mobilisations l’année dernière par rapport à l’Afghanistan ou contre l’Otan, mais les gens n’ont pas forcément une opinion très objective sur les conflits dans lesquels la France est impliquée directement, comme l’Afghanistan, et encore moins sur d’autres. N: Je ne pense pas qu’un festival puisse arrêter la guerre. Mais il peut interpeller et rendre la question de la guerre visible à Toulouse, voire, demain, au niveau national. Son ampleur est modeste, mais à Toulouse, de nombreuses personnes connaissent maintenant Foutez-leur la paix ! et savent que quelque chose se passe. Pensez-vous déjà au contre-sommet de l’Otan à Lisbonne en novembre prochain ?A: Cela fait partie des choses qu’on abordera après le festival. Ce sont des occasions qui mobilisent beaucoup nos militants. Il faudra le faire en lien avec les autres orgas du festival et qui ont participé au contre-sommet l’année dernière. Faites-vous un lien entre le combat antiguerre et le combat anticapitaliste ? Êtes-vous anticapitaliste ?A: Oui !N: Oui... (rires) Une question revient souvent dans nos débats: la source de la guerre est matérielle. Au-delà des cadres idéologiques projetés, le fond est toujours constitué par les intérêts économiques et stratégiques : conquérir de nouveaux territoires, de nouveaux marchés. On est nombreux à penser qu’un des pires visages du capitalisme est la guerre et l’impérialisme. A: Surtout le type de guerre dont on parle ici, les guerres impérialistes : des guerres de domination politique et culturelle de l’Occident capitaliste, qui passent par une domination économique.N: C’est pour ça qu’on se focalise sur le Moyen-Orient, c’est très symbolique ce qu’il se passe là-bas. C’est une zone stratégiquement très importante, qui regorge de ressources naturelles, et ce n’est pas un hasard si c’est une zone de conflits mondiaux. Gagner sur cette question serait une victoire contre toutes les guerres capitalistes. Le mot de la fin ?A: Foutez-leur la paix !Propos recueillis par Pablo Seban.