En dénonçant sans détour, samedi 23 mai, sur le plateau de Laurent Ruquier, les violences racistes commises par la police, la chanteuse Camélia Jordana ne s’attendait sans doute pas à déclencher une telle tempête. C’était sans compter sur la sainte alliance des flics, des fachos et de la Macronie qui, durant la journée de dimanche, a tenté de saturer les médias et les réseaux sociaux de messages s’en prenant à l’artiste. Christophe Castaner lui-même, décidément particulièrement attaché à la liberté d’expression, y est allé de sa déclaration, dénonçant « [d]es propos mensongers et honteux [qui] alimentent la haine et la violence ».
Et pourtant. Comme l’a rappelé David Dufresne dans une interview aux Inrocks, « ce que dit Camélia Jordana est évident, c’est l’étonnement qu’elle rencontre qui est étonnant ». Des évidences qui dérangent et que certains ne supportent pas, qui s’attachent à défendre coûte que coûte l’impunité des forces de police malgré la multiplication des témoignages, des vidéos et des condamnations par divers organismes, français et internationaux, du Défenseur des droits à la Cour européenne des droits de l’homme en passant par le Conseil de l’Europe et le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
En s’en prenant à Camélia Jordana, c’est l’ensemble des victimes de violences policières, ainsi que leurs proches et leurs familles, que l’on a voulu faire taire. Et le moins que l’on puisse dire est que la sainte alliance a été confrontée à un véritable effet boomerang : non seulement les messages de soutien à la chanteuse se sont multipliés, mais on a également vu fleurir un hashtag sur Twitter, #MoiAussiJAiPeurDevantLaPolice, lancé par Assa Traoré, qui a « noyé » les messages racistes et pro-flics et donné encore plus de visibilité à la dénonciation des violences policières, dans une belle unité entre Gilets jaunes, militantEs d’horizons divers et habitantEs des quartiers.Une séquence qui nous rappelle à quel point il est indispensable d’apporter tout notre soutien à celles et ceux qui refusent l’omerta sur les exactions policières, et de les appuyer dans leur difficile combat face à l’immunité organisée. Contre les fachos, contre les organisations de flics, contre les autorités, le NPA continuera de les soutenir dans leur lutte, pour la justice et la vérité.