Publié le Jeudi 30 novembre 2017 à 09h32.

“Droit à l’erreur” : Bienveillance pour qui ?

Le gouvernement a dévoilé lundi son projet de loi sur le « droit à l’erreur ». L’objectif est de « réparer et transformer la relation entre nos concitoyens et l’administration », a souligné le Premier ministre Édouard Philippe. C’est un « texte principiel qui prévoit que la bienveillance soit la norme », a expliqué le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin. 

Au-delà des discours, la nouvelle loi sera d’abord un « plus » pour les contribuables qui déclarent leurs revenus eux-mêmes (c’est-à-dire pas pour les salariéEs et les retraitéEs), et qui sont souvent les plus riches. Ce sera aussi un « plus » pour les entreprises sur trois points : leurs déclarations fiscales, un freinage des contrôles de l’inspection du travail et des URSSAF, et enfin le « permis de faire », fixant aux entreprises une obligation de résultat et non plus de moyens. Celui-ci laissera, par exemple, dans la construction, les promoteurs déroger aux règles sous réserve qu’ils attestent que leurs méthodes arrivent à des résultats équivalents. Même le quotidien financier les Échos remarque que le texte est bien muet sur les contrôles : qui évaluera que tel bâtiment est bien résistant au feu ?

Pour la masse de la population, où sera la « bienveillance » ? Administrations et services publics seront toujours plus éloignés et plus encombrés du fait des suppressions de postes et des économies budgétaires. ChômeurEs et bénéficiaires d’allocations continueront d’être regardés avec méfiance et contrôlés.

Le fond de l’affaire est bien résumé par le chercheur en économie Thibault Gajdos : « Emmanuel Macron et ses ministres ont confiance dans les riches, mais se méfient des pauvres ». Et pourtant, souligne Gajdos, les tricheurs ne sont pas là où le gouvernement le croit. Non seulement les « Paradise papers » viennent de le montrer, mais une étude universitaire étatsunienne conclut que les membres des classes supérieures trichent, mentent et enfreignent davantage la loi que les membres des classes inférieures. Une plus grande complaisance des riches à l’égard de l’appât du gain explique en partie ces résultats.

Comme le disait Marx à sa façon : « c’est l’être social qui détermine la conscience ». Dans une société d’exploitation, rien d’étonnant à ce que la plupart des riches en veuillent toujours plus ! Ceux qui présentent cela comme allant dans l’intérêt du plus grand nombre sont soit des menteurs, soit des imbéciles.