Depuis 25 ans, le Secours Catholique publie un « rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France », réalisé grâce à l’action des plus de 60 000 bénévoles de l’association. Dans sa dernière livraison, le Secours Catholique confirme les tendances que chacunE peut observer au quotidien : un accroissement de la pauvreté et une dégradation de la situation des plus pauvres. Extraits :
« Cette année, au-delà des contours d’une pauvreté multiple et complexe qui caractérise l’exclusion d’aujourd’hui, l’image marquante que nous garderons tous, restera ces files d’attente devant les lieux de distribution alimentaire. C’est pourquoi nous avons réalisé une enquête complémentaire auprès de 1 088 des ménages qui ont pu bénéficier de 500 000 chèques services pour leur permettre de faire face à l’urgence alimentaire dès le premier confinement. Jusqu’à 7 millions de personnes auraient eu recours à l’aide alimentaire en 2020, soit près de 10 % de la population française. La pandémie de Covid-19 a déstabilisé des situations budgétaires déjà très serrées. […]
Quand les revenus suffisent à peine à régler le loyer, la santé, les dettes, la pension… ou quand il faut faire face à un imprévu (comme l’arrêt des cantines en 2020), on rogne sur la partie variable des dépenses, à commencer par l’alimentation et le chauffage. L’explosion actuelle des prix de l’énergie laisse d’ailleurs craindre le pire pour cet hiver. […]
Les visages de la précarité alimentaire sont multiples, complexes et évolutifs mais toutes ces situations sont liées à un manque de ressources financières. Il y a d’abord les ménages en situation d’extrême pauvreté, 43 % des ménages ayant répondu à notre enquête complémentaire ne percevaient aucune ressource financière. Mais ce besoin d’aide alimentaire est aussi exprimé par des ménages disposant de ressources qui n’arrivent plus à boucler les fins de mois, étouffés par les charges incompressibles qui impactent trop lourdement leurs ressources. Avec la crise, les demandes d’aide alimentaire ont augmenté particulièrement dans les familles avec enfants et chez les jeunes de moins de 25 ans (+ 6 points entre 2019 et 2020). […]
Si la crise sanitaire a servi de révélateur, quels enseignements en tirer ? La crise a surtout donné à voir des pauvretés déjà installées. Or nos gouvernements ont pris la fâcheuse habitude d’apporter des réponses ponctuelles, adaptées pour l’urgence, à des enjeux structurels. Tacitement, notre pays a choisi d’industrialiser les distributions de denrées plutôt que l’accès digne de tous à l’alimentation, l’hébergement ou les nuitées d’hôtel plutôt que le droit au logement, les aides ponctuelles aux ménages pauvres plutôt qu’un revenu minimum permettant de ne pas avoir à choisir entre les loisirs des enfants, le chauffage et l’alimentation. »