L’horreur des couloirs de la mort aux États-Unis est une réalité connue en France par la médiatisation de la vie de Mumia Abu Jamal, qui la vit au quotidien depuis 30 ans.
Plus récemment, on se rappelle de l’affaire de Hank Skinner ou encore de Troy Davis, qui a malheureusement été exécuté le 22 septembre dernier. Le livre d’Arnaud Gaillard qui est une étude sociologique de l’application de la peine de mort aux États-Unis fait froid dans le dos.
Au-delà de ce que nous savions déjà, il tente d’expliquer comment le pays réputé être la « plus grande démocratie du monde » continue d’appliquer la peine capitale, au point d’être classé au 5e rang mondial en termes d’exécution. La religion est mise en cause – notamment les Églises évangélistes –, comme la généralisation des armes à feu prévue par la Constitution mais également bien sûr, le racisme notamment dans les États du Sud. Ainsi, Gaillard nous apprend que les États-Unis sont pires à cet égard que l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Mais au-delà de la peine de mort, ce livre remet en cause un système judiciaire corrompu, injuste qui opprime particulièrement les plus pauvres par la différence de moyens dont disposent l’accusation et la défense. « Dans les couloirs de la mort, les condamnés les plus pauvres, les plus nombreux, sans famille et sans avocat digne de ce nom sont parfois exécutés avant même que l’ensemble de leurs recours aient été épuisés. Au Texas, leur matricule gravé sur la croix de ciment commence par 999... »
L’auteur a effectué de multiples entretiens avec des condamnés à mort qui racontent les conditions indignes dans lesquelles ils sont détenus : enfermés 23 heures sur 24 et parfois même 24 heures sur 24 pendant le week-end par manque de personnel, contrôlés toutes les 45 minutes par le gardien qui tient à s’assurer que le prisonnier est toujours là ! Au point qu’une cour de justice suédoise a refusé l’extradition d’un de ses ressortissants vers les États-Unis en s’appuyant sur la Convention des droits de l’homme.
Néanmoins, pour Gaillard l’espoir reste de mise car l’abolition gagne du terrain même dans l’État le plus meurtrier, le Texas.
Dominique Angelini
Max Milo 234 pages 19,50 euros