Le 10 janvier, Maïcol est dehors après le couvre-feu avec ses amis. Voyant la police arriver et ayant déjà été victime de violences policières, il décide de partir en moto. S’en suit une course-poursuite avec la police qui aurait duré sur plus de 10 km. Dans un tunnel réputé dangereux car il y a une fuite d’eau et des travaux, Maïcol tombe. La police met 20 minutes à avertir les secours. Il décède à 22 h à l’hôpital. Sa famille ne sera informée qu’à 4 h du matin.
Il y a 48 caméras dans le tunnel, or les circonstances de la mort de Maïcol sont très floues : des témoins disent que la police a déséquilibré le deux-roues, la famille réclame justice et les vidéos. Une note de la police nationale de 1999 indique que les courses-poursuites ne doivent pas être systématiques, et qu’elle doivent être engagées si la situation est « grave ». Mais lorsque l’on voit toutes les affaires de violences policières, meurtres, les contrôles au faciès quotidien, le racisme systémique, on se doute qu’ils engageront toujours la course-poursuite…
« Pas de poursuite pas de mort »
Nice est connue pour être une ville très surveillée par des caméras, où des mesures contenues dans la loi sécurité globale sont déjà appliquées comme le renforcement et l’augmentation du pouvoir des polices municipales. Les équipements de surveillance de cette ville « sûre » ne servent qu’à réprimer la population, surtout celle des quartiers populaires, les manifestantEs, et à verbaliser les plus pauvres et les contrôler selon des critères racistes, islamophobes.
Trois marches pour Maïcol ont eu lieu. La dernière, le 3 mars, avec une centaine de manifestantEs venus des quartiers populaires, hors du milieu militant, et une cinquantaine de militantEs d’organisation de gauche. Elle s’est terminée au Palais de justice, où les policiers de la BAC qui rigolaient et méprisaient les manifestantEs ont été interpellés par la foule à travers les prises de parole et les slogans : « Pas de poursuite pas de mort », « Pas de justice pas de paix », « Justice t’es où ? », « Police partout justice nulle part », « Justice pour Maïcol et Adama ». Des policiers d’Alliance, sous prétexte de rendre hommage à Maïcol, ont exprimé cyniquement leur regret de ne pas avoir pu le verbaliser pour défaut de permis…
Une énième affaire de violences policières, comme pour Adama, Zyed, Bouna, Cédric, Gabriel, Geneviève… qui montre le caractère systémique des oppressions envers les personnes noires et arabes. Mais c’est la première fois qu’on a une telle manifestation à Nice, avec des jeunes venus des quartiers populaires en centre ville, où ils et elles étaient visibles. Pour une fois, la rue était à elles et eux et non aux policiers, qui les verbalisent fréquemment.