Publié le Mercredi 22 février 2012 à 14h40.

« La politique du logement tue »

C’est sous une banderole où était inscrit : « La politique du logement tue » qu’une centaine d’habitants de Saint-Denis s’est réunie samedi 18 février 2012 devant la mairie, à l’appel du Comité anti-expulsions créé en décembre dernier1. En effet, Ecaterina, mère de six enfants, en galère de logement depuis plusieurs années, déplacée de ville en ville et hébergée au 115 a fini par s’immoler dans le hall de la mairie de Saint-Denis, le mercredi 15 février. Elle est décédée le lendemain. Ce drame illustre avec gravité et de la façon la plus violente et la plus radicale qui soit les effets sociaux de la politique du logement de Sarkozy. La situation est devenue intenable : 130 000 SDF, 3 millions de mal-logés et presque 10 millions de personnes touchées par la crise du logement en France (chiffres Fondation Abbé-Pierre). Dans une ville comme Saint-Denis, cela se traduit par 1 500 procédures d’expulsion pour le 15 mars (fin de la trêve hivernale) et plus de 6 000 demandes de logement non satisfaites. Dans cette ville populaire, la majorité de la population se trouve en difficulté pour se loger et payer son loyer ou ses traites. Et malgré cela, le préfet-flic Lambert, très proche de Sarkozy, a expulsé plusieurs dizaines de familles en décembre dernier, en plein hiver. Depuis, la majeure partie des expulsés campe devant la mairie. Pour ceux hébergés au 115 c’est aussi la galère la plus complète : chambres insalubres et inadaptées à une vie familiale (rien pour cuisiner ou nourrir les bébés), horaires inadaptés à ceux qui travaillent de nuit, éloignement des lieux de travail et des écoles des enfants (3 heures/jour de transport pour les enfants expulsés)... L’hébergement d’urgence par le 115, solution mise en avant par le gouvernement mais aussi par la municipalité de Saint-Denis, est un échec.Face à cela, le combat auprès des expulsés continue : chaque semaine des manifestations, des actions ou encore des événements festifs de lutte sont organisés. Ils ont d’ores et déjà permis de stopper la vague d’expulsions que promettait le préfet Lambert. Alors que la fin de la trêve hivernale approche le comité a lancé ce samedi un appel national pour réquisitionner les logements vides : « Face à cette faillite du 115, pour répondre à l’urgence, la réquisition des logements vides est une nécessité. Et ils ne manquent pas. Les pouvoirs publics ont les moyens juridiques de ces réquisitions. Les municipalités doivent s’engager. Il est temps de construire un mouvement national de réquisition des logements vides, pour modifier le rapport de forces entre l’Etat et les mal-logés. Nous lançons aujourd’hui cet appel à toutes les forces sociales et politiques, à toutes les municipalités, pour s’engager dans ce sens ». Partout où c’est possible, il faut s’emparer de cet appel et organiser la lutte contre les expulsions, contre le mal-logement, pour l’accès à des logements dignes et décents pour toutes et tous.

Étienne (Saint-Denis)1. Voir Tout est à nous ! n° 129, 22 décembre 2011.