Mickaël Delafosse, maire de Montpellier, dans la filiation autocratique de son mentor, l’ancien maire, député de région et député de l’Hérault, Georges Frêche, entend imposer une conception trafiquée de la laïcité aux associations et désormais aux syndicats.
Avant même son élection comme maire de Montpellier, Mickaël Delafosse avait montré son incompréhension de la laïcité et sa complaisance envers les islamophobes de tout acabit en excluant de sa liste une candidate proposée par son allié du PCF parce qu’elle portait le voile. Et du coup, d’autres candidates du même parti s’étaient retirées de la liste par solidarité avec l’exclue.
« Charte de la laïcité »
On a cru un moment être rassurés car il a pris ses distances avec la politique de son prédécesseur qui participait ès qualités aux fêtes de la Saint Roch et soutenait cette manifestation religieuse avec les moyens de l’institution qu’il dirigeait.
Il a fallu rapidement déchanter car il a anticipé le projet de loi macronien contre un prétendu « séparatisme » en exigeant des organisations qui réclament des subventions municipales qu’elles signent une « charte de la laïcité », oubliant un principe fondamental de la loi de 1905 qui exige que ce soit l’État qui soit indépendant des religions et non les personnes et les associations.
Puis Delafosse est de nouveau monté au créneau médiatique, qu’il doit estimer porteur, en menant une nouvelle campagne aux relents islamophobes en alertant sur le fait que les locaux de la mosquée de La Paillade pourraient être vendus à une association qui serait proche du royaume marocain, présentée comme tête de pont de l’islamisme radical. Face à l’offensive populiste du maire, la direction de la mosquée a renoncé à cette vente. À cette occasion, Delafosse a de nouveau manifesté son incompréhension de la loi de 1905 en s’engageant contre une religion alors que la loi exprime que c’est à l’État d’être neutre en matière religieuse.
De nombreuses associations ne signent pas cette charte ou refusent de la signer. Certaines d’entre elles tiendront une conférence de presse prochainement.
Mais l’escalade à prétention laïque se poursuit : les organisations syndicales se voient, elles aussi, proposer la signature de la « charte de la laïcité ». Par où la laïcité se révèle l’enjeu d’un combat majeur pour la défense des libertés et contre le racisme car, il n’échappe à personne que cette revendication biaisée, tout simplement antilaïque, de la laïcité surfe sur l’islamophobie ambiante pour s’assurer un consensus large dont la cible va bien au-delà des musulmanEs. En cherchant à imposer cette charte antilaïque aux syndicats, le socialiste Delafosse met au jour que ce sont aussi les mobilisations sociales qui sont dans le collimateur derrière la façade pseudolaïque de l’attaque.