L’état d’urgence, c’est l’urgence de l’État pour restreindre les libertés publiques, pour exercer son contrôle sur la presse, imposer l’interdiction des réunions publiques et des manifestations. L’état d’urgence autorise aussi les interdictions de séjour et les assignations à résidence, la censure par l’interdiction de projections de films et de représentations théâtrales, et même le recours aux tribunaux militaires.
Non content de prolonger cet état d’exception pendant trois mois, Hollande veut réviser la Constitution (celle du coup d’État permanent... dénoncée en son temps par les socialistes !) afin de banaliser un état d’urgence permanent. Reprenant à son compte les propositions de la droite et de l’extrême droite, il propose la déchéance de nationalité, des expulsions plus rapides et plus expéditives et enfin sous couvert de légitime défense, il veut banaliser l’usage des armes par les policiers. Il déclare que désormais « le pacte de sécurité l’emportera sur le pacte de stabilité » pour nous faire bien comprendre que le tout-sécuritaire primera même sur le tout-austérité qu’il nous impose depuis des années afin de financer toujours plus de policiers et gendarmes (plus 10 000 en 5 ans).Nous refusons à ce gouvernement de va-t-en guerre le droit d’utiliser notre tristesse, notre indignation et notre solidarité avec les victimes. Nous refusons cet acharnement sécuritaire et liberticide. Il est inefficace contre les tueurs de Daesh. Pire, ces ennemis implacables de toute émancipation se nourrissent du racisme et de l’islamophobie en prétendant offrir une issue à ceux qui sont humiliés et discriminés.Nos urgences sont sociales, écologiques et humanitaires. Il n’est pas question de renoncer à manifester pour combattre le racisme et les discriminations, pour dire « Migrants : bienvenue ! » ou pour dénoncer les violences faites aux femmes. Pas question de laisser rogner notre droit de lutter pour « changer le système pas le climat », parce que le changement climatique, avec son cortège de catastrophes, fera encore plus de drames humains, d’injustices sociales et de guerres.Rien n’est plus urgent que d’affirmer qu’un autre monde est possible, solidaire et égalitaire, et surtout de continuer à le penser et à le construire ensemble..
Christine Poupin