Publié le Mercredi 12 novembre 2025 à 15h11.

Dix ans après, la page n’est pas tournée

L’année 2015 a été particulièrement marquée par les attentats sur le territoire français : après l’attaque de la rédaction de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher de la porte de Vincennes en janvier, l’attentat du Thalys déjoué en août, ce furent les attaques du 13 novembre.

 

Cette succession d’attentats a mis en évidence l’importance du territoire hexagonal pour certaines organisations comme Daech et Al-Qaïda, dans leur stratégie d’antagonisation des sociétés civiles occidentales.

Souvenir des vies brisées

Ces attentats ont touché Saint-Denis, aux abords du Stade de France, où ont eu lieu les premiers attentats-suicides en France. Ensuite, des terrasses de café et de restaurant de diverses rues de Paris ont été mitraillées. Enfin, l’attaque terrible dans la salle de spectacle du Bataclan a fait 90 morts et un grand nombre de personnes blessées.

Nos pensées se tournent d’abord vers les victimes de ces attentats, ainsi que vers leurs proches irrémédiablement endeuilléEs et durablement traumatiséEs. Avec un bilan de 130 morts et 413 blesséEs, les attentats de novembre sont les plus meurtriers commis sur le territoire français.

Un moment de basculement politique

Touchées dans des lieux de loisirs ou à la terrasse de cafés, les victimes sont apparues comme les cibles innocentes d’une violence politique extrême et aveugle, présentée comme « barbare », donnant prétexte à la réactivation d’une lecture du monde comme celui d’un choc des civilisations et à la justification de l’amplification des politiques autoritaires et racistes.

« Paris est une fête » était scandé par certainEs comme une réponse civilisationnelle, pendant que l’État détricotait les droits démocratiques. Les protestations face à la discrimination annoncée de toustes les musulmanEs du pays ont échoué. Depuis janvier, les injonctions à l’union sacrée et à « être Charlie » avaient continué à dominer l’espace public.

Un état d’exception islamophobe permanent

L’état d’urgence sera décrété et il durera deux ans, dix ans après sa mise en place pour quelques semaines après les révoltes urbaines de 2005. Les mesures d’exception se sont accumulées. L’état d’urgence permettra la multiplication des persécutions visant les musulmanEs : perquisitions, fermetures de mosquées, suspicion généralisée et criminalisation. Cette séquence aura été centrale dans la délégitimation de l’état de droit. C’est un régime d’exception qui a été en vigueur deux ans durant, avant qu’une grande partie de ses dispositions soient inscrites dans le droit commun.

La lecture islamophobe des attentats de novembre 2015 a ainsi été cruciale dans le renforcement du racisme qui est au cœur de la vie politique française. L’année 2015 fut une étape centrale dans le basculement vers la fascisation de notre pays.