On s’attache ici à parler d’« attentats », de « terrorisme », voire d’« organisations terroristes musulmanes » ou « agissant au nom de l’islam », plutôt que d’« islamisme ».
D’une part, du point de vue des musulmanEs, ces attentats ne peuvent pas être qualifiés d’« islamistes » : ils ne visent pas à étendre l’islam, mais à approfondir les fractures au sein des sociétés multiculturelles. Leur objectif est de pousser les minorités musulmanes d’Occident à se tourner vers l’émigration pour aller soutenir ces mouvements dans leurs zones de développement.
D’autre part, le terme islamisme a été popularisé par les travaux de Gilles Kepel, aujourd’hui notoirement islamophobe. S’il prétendait à l’origine distinguer l’islam de ses formes politiques, il a surtout contribué à entretenir l’idée d’une continuité entre toute expression politique « musulmane » et la violence terroriste, faisant de l’islam une réalité toujours potentiellement menaçante.
De manière plus immédiate encore, parler d’« islamisme » revient à suggérer que l’islam, dans sa forme la plus accomplie, se confondrait avec ces logiques politiques violentes — un raisonnement qui reprend mot pour mot l’argumentaire de l’extrême droite identitaire aujourd’hui.