Publié le Vendredi 10 février 2012 à 15h54.

« On n’enterre pas la vérité »

«Ali Ziri, 69 ans, mort le 11 juin 2009, suite à son interpellation par la police nationale, ici-même » : voici le texte de la plaque posée en hommage à Ali Ziri et qui a soulevé un tollé chez les syndicats de police, d’Alliance au SGP-FO, menaçant de manifester si la plaque n’était pas enlevée.

Et lorsque ces policiers à l’indignation sélective et déplacée sont en colère, ils ouvrent leur carnet d’adresses et utilisent la ligne directe pour s’adresser à leur sauveur suprême, Guéant. Il n’en faut pas plus à ce pourfendeur des « autres civilisations » pour appeler le préfet du Val-d’Oise qui, à son tour, met un coup de pression sur le maire d’Argenteuil, le menaçant de le poursuivre au tribunal administratif pour atteinte à la présomption d’innocence. La municipalité avait dans un premier temps autorisé par arrêté la pose de la plaque, gagnée par les arguments de notre collectif « Justice et vérité pour Ali Ziri », composé d’une trentaine d’organisations politiques, syndicales et associatives et de citoyens ; mais elle a décidé de sa dépose le 1er février, alors même que selon plusieurs avocats, la plaque ne présentait rien de diffamatoire et ne portait aucunement atteinte à la présomption d’innocence.

L’affaire n’est pas seulement juridique, elle est d’abord politique : elle laissait entrevoir le retour dans notre ville de Sarkozy, dont la dernière visite s’était soldée par une reconduite à la frontière après les insultes qu’il avait proférées à l’encontre des habitantEs de des quartiers populaires. Mais là, le scénario était irrésistible pour l’UMP : chevaucher de nouveau les thèmes sécuritaires et racistes, remonter le moral aux intouchables que sont les policiers et dénoncer au passage le PS et son laxisme. Cela n’était évidemment pas trop du goût du staff de Hollande mis au courant de cette affaire Ali Ziri. Il n’en a pas fallu davantage pour que la municipalité jette l’éponge et scie l’arceau sur lequel était apposée la plaque.

Jacques Gaillot, qui l’a inaugurée, avait déclaré : « On n’enterre pas la vérité ». Chacun peut compter sur la détermination de notre collectif pour faire en sorte que cette vérité qu’ils ne veulent pas voir soit taguée sur les murs de la ville à coups de pochoir, et rappelée sur les badges que nous vendrons lors de notre prochaine manifestation, le samedi 11 février à 14 heures du parc de la mairie à la sous-préfecture.

Omar Slaouti