Publié le Mercredi 19 janvier 2022 à 13h24.

Non à la troisième prison à Muret !

Mercredi 12 janvier a eu lieu le premier rassemblement contre la création d’une nouvelle prison à Muret (Haute-Garonne). Ce n’est pas un deuxième mais un troisième établissement pénitencier qu’accueillerait la ville de Muret si ce projet venait à naître. La ville pourrait ainsi devenir l’un des plus grands parcs carcéraux de France.

 

En réponse à la surpopulation des prisons, les gouvernements successifs préfèrent construire toujours plus de prisons que de remettre en question leur politique pénitentiaire et leurs attaques faites à la justice.

Or la prison tue. « La France demeure l’un des pays qui présentent le niveau de suicide en prison le plus élevé de l’Europe des Quinze. Les personnes détenues se suicident six fois plus qu’en population générale », d’après l’Observatoire international des prisons. Les droits des prisonniers y sont bafoués. Ils sont traités comme des sous-citoyens :

– le code du travail et le SMIC n’est pas appliqué : le travail est payé 1,67 euro/heure ;

– pendant la pandémie : refus de leur donner du gel hydroalcoolique, interdiction du port du masque, certains prisonniers ont été mis au travail pour fabriquer des masques.

Vider les prisons existantes

En décembre 2021, les prisons françaises comportaient 69 992 détenuEs, soit 11,1 % de plus qu’en 2020. Notons que sur l’ensemble des détenuEs, 27,2 % sont en fait des prévenuEs, c’est-à-dire des personnes en attente de jugement ou pas encore condamnées définitivement…

Pour permettre une sortie de prison efficace, il faut développer une réelle politique de réinsertion de détenus ce qui ne peut être fait sans ­investissement supplémentaire.

Nous proposons les mesures suivantes afin de réduire drastiquement le nombre de prisonnierEs, étape indispensable pour aller vers le dépérissement de la prison :

– Dépénalisation de certains types de délits (notamment légalisation du cannabis) ;

– Limitation des possibilités de recours à la détention provisoire dès le placement initial et réduction de sa durée ;

– Stricte limitation du champ d’application des procédures de jugement rapide ;

– Réduction de la durée effective des peines de prison ;

– Révision de l’échelle des peines qui allie réduction du recours aux longues peines et remplacement des courtes peines de prison par des mesures non privatives de liberté, en particulier par des mesures de probation en milieu ouvert ;

– Libération des prisonniers âgés et malades incurables ;

– Transfert des personnes relevant de soins en psychiatrie dans des unités de soins spécialisées ;

– Incarcération proche du domicile ;

– Application du code du travail en prison ;

– Droit effectif à la culture et à l’éducation.

Ne plus les remplir : donnons des réponses sociales !

Nous voulons des moyens pour l’accès à l’éducation, contre le chômage, pour du travail décent, plus de prévention, plus de moyens pour la justice mais aussi construire réellement des alternatives à la détention.

Le projet de Muret, en plus d’être imposé par la préfecture contre l’avis négatif du commissaire enquêteur, de la municipalité de Muret, de la communauté d’agglomération, du département et de la chambre d’agriculture de la Haute-Garonne, aura des conséquences écologiques irréversibles et dévastatrices sur les écosystèmes locaux et la biodiversité. Il entrainera la destruction de zones boisées et agricoles ainsi que d’habitats naturels comprenant des zones humides et des espèces animales et végétales protégées.