En effet, nous y étions sur le plateau du Larzac aux rencontres des luttes locales et globales Les résistantes 2023, du 3 au 6 août, 50 ans après la première lutte d’opposition au projet d’extension du camp militaire !
Réunion inédite de plusieurs milliers de militantEs ayant répondu à l’initiative de Terre de Luttes, de la Confédération Paysanne de l’Aveyron et des Faucheurs/ses Volontaires ; et qui ont participé aux 175 temps de formation, ateliers, tables-rondes, conférences, spectacles… répartis sur 12 thématiques (actions directes, anti-répression, faire connaître ma lutte…). C’est ma rencontre avec les Naturalistes des terres que j’ai envie de vous conter.
En lisant l’appel des Naturalistes des terres dans la revue en ligne Terrestres en lien avec la Cartographie de leurs membres, j’ai découvert ce collectif et je les ai rencontrés sous le chapiteau Outarde à l’occasion de la table-ronde « Pour des alliances inter-espèces dans nos luttes » et suivis quasiment tout le week-end ! Qui sont ces naturalistes ? Que cache ce sujet apparemment provocateur ?
Paysan naturaliste, ornithologue, militantE des Naturalistes des terres ont partagé leurs objectifs, leur philosophie, leurs méthodes. Iels ne portent pas seulement un intérêt aux espèces animales et végétales mais aussi aux questions sociétales. Et considèrent que le monde des naturalistes porte en son sein une possible transformation politique de la société. Iels refusent d’être des pratiquants du comptage de l’extermination des espèces, des inventaires du désastre et choisissent de partager leurs coups de foudre naturalistes, de lutter avec les vivants, de créer des alliances politiques pour un double intérêt, améliorer les conditions de vie du vivant non-humain et aboutir dans nos luttes ; avec l’exemple des mares aménagées à Rouen.
Transformer notre rapport sensible au vivant est la signature de leur approche. Donner des noms d’espèces aux chapiteaux des Résistantes (Cuivré des marais, Muscardin, Loriot étincelant, Busard cendré...) est un premier pas vers le régime d’attention aux vivants non-humains. Lors de la mobilisation contre le projet d’autoroute Castres-Toulouse, le cortège s’est tu au passage d’une héronnière, idem à Rouen, signes de nouveaux affects acquis ! À Sainte Soline, le collectif s’opposait autant à la bassine qu’à la destruction des milieux de vie de l’outarde canepetière, de l’œdicnème criard et du busard cendré ! Iels ont rappelé les pièges institutionnels que constituaient les associations et bureaux d’étude.
Tout au long des 4 jours, les Naturalistes des terres ont animé des sorties, tôt le matin, en milieu de matinée ou au crépuscule. Du jamais vu : 150 personnes pour une sortie rapaces le samedi ! Des petits groupes se sont formés, des personnes ont proposé d’animer aux côtés d’un éleveur/botaniste/ornithologue et des naturalistes des terres et nous avons fait de très nombreuses observations, les groupes ayant un comportement totalement adapté à la situation. Idem le lendemain pour une sortie entomologique.
Les Naturalistes des terres, héritiers des Naturalistes en lutte de Notre-Dame-des-Landes, sont naturalistes professionnels, naturalistes amateurs, juristes, anthropologues, chercheurs, artistes, sympathisants. Iels se mettent au service des pratiques naturalistes dans les luttes, proposent des contre-expertises, mènent des actions directes (renaturation par désarmement, pose de nichoirs…), proposent un récit d’attachement au vivant, d’interdépendance de tous les vivants, de destinée commune. Urgence à s’abonner à leur newsletter !
D’autres rencontres m’ont enthousiasmée notamment « Reprendre et soigner les communs », « Assemblées pour des forêts vivantes » et aussi la rencontre de faucheuses d’OGM associées à Inf’OGM...week-end de formation politique exceptionnel !
Ouvrages recommandés : Autonomies animales. Ouvrir des fronts de lutte inter-espèces, Vipulan Puvaneswaran ; Habiter en oiseau, Vinciane Despré.
11 août 2023