Des revendications portées par des moyens illégaux, gagnées sur un gouvernement paniqué et des syndicats illégitimes... Il y a danger !
Les policiers hors la loi réclamaient beaucoup, ils ont obtenu beaucoup ! En déclarant la guerre sur le territoire national, le gouvernement a de fait autorisé une surenchère de revendications à caractère militaire.
Des revendications en grande partie satisfaites
Malgré la récente réforme de la légitime défense de juin 2016, les policiers en réclament une nouvelle qui leur donnerait les mêmes droits que les gendarmes, notamment celui de tirer après sommation dans des situations assez larges. Le gouvernement leur promet donc, dès novembre, le passage à l’Assemblée nationale d’une nouvelle réforme portant sur la présomption de la légitime défense.
Ils exigent ainsi une loi légitimant l’impunité, car, de fait, les policiers ne sont jamais condamnés lorsqu’il y a mort d’homme. Une loi qui leur permettrait de tirer les premiers mais surtout de ne pas avoir l’obligation de rendre de comptes. Une police au-dessus des lois.
Accentuant le militarisation, l’arsenal policier aujourd’hui, notamment avec les fusils d’assaut HKG36 et les nouveaux lanceurs de balles, s’apparente de plus en plus à celui de l’armée...
Haro sur la justice
Contre la justice jugée « laxiste », leurs critiques sont vives. Ils sont ainsi au diapason avec celles de Hollande qui trouve dans son livre d’entretien « la justice lâche », ainsi que du garde des Sceaux, Urvoas, qui affirme, au mépris total de la séparation des pouvoirs, « qu’il va donner aux magistrats des instructions pour plus de fermeté » !
Alors que les peines de prison ont augmenté de 19,3 % en 20 ans et que les prisons n’ont jamais été aussi pleines, les policiers ont obtenu leur durcissement. Les sanctions ont doublé pour « outrage à agents de la force publique », pouvant aller jusqu’à un an de prison ferme et 15 000 euros d’amende. Et ils continuent de toujours revendiquer le retour aux peines planchers pour les agresseurs de policiers, la suppression des juges d’instruction et des juges d’application des peines.
Des syndicats collabos utiles au gouvernement
Dans ce mouvement, les syndicats sont mis à l’écart par les policiers descendus dans la rue, jugés comme des bureaucrates éloignés du terrain. Jugés aussi comme des syndicalistes « ripoux » qui préfèrent, à la défense des policiers, les petits arrangements avec le ministère et la cogestion des agents avec la direction.
Sur le fond, tous les syndicats ont défendu, à l’exception du syndicat SUD de l’intérieur, toutes les revendications. Qu’ils soient reçus pour négocier par Hollande en dit long sur le besoin que le pouvoir et le syndicalisme policier ont l’un de l’autre : l’un parce qu’il sait ce que peut signifier la marche sur l’Élysée de policiers masqués et armés, l’autre parce qu’il veut garder ses prérogatives et ses avantages.
Les forces de l’ordre injuste, inégalitaire et violent
Il ne peut y avoir une bonne police républicaine, comme aime à le répéter par exemple Mélenchon. La fonction de la police est de faire respecter un ordre injuste, inégalitaire et donc violent, de la classe de possédants contre notre classe. Et cela à coups de matraques, de gaz lacrymogènes, de discriminations au faciès, provoquant de nombreux blessés, voire des morts.
Les revendications qu’ils portent aujourd’hui exigent la militarisation accrue de la police contre nos résistances, contre les migrantEs, contre les jeunes et les populations les plus pauvres. Elles s’expriment de manière factieuse face à un gouvernement illégitime et dépassé, dont le camp est divisé, et qui sait qu’il a déjà perdu la prochaine élection présidentielle. Des exigences policières qui correspondent totalement au programme électoral du FN et à une partie de celui des autres candidats. Il y a danger. Plus que jamais, nous ne devons compter que sur nous-mêmes !
Roseline Vachetta