Publié le Dimanche 12 mars 2017 à 21h19.

Police en mode hyper-autoprotection !

Un décret du 1er mars portant sur la loi sur l’égalité et la citoyenneté (!) systématise le port de caméra individuelle lors des contrôles, dans 23 zones de sécurité prioritaires (ZSP) situées sans surprise dans les quartiers populaires.

Les policiers municipaux, ceux de la nationale, les agents de sécurité de la RATP et de la SNCF, les gendarmes et les militaires de l’opération Sentinelle, tous sont concernés.

Aux gendarmes et policiers nationaux, le ministre de l’Intérieur annonce le doublement des 2 600 premières caméras, ainsi que sa volonté de « passer un marché dans les prochains mois pour que l’ensemble des militaires et fonctionnaires intervenant en ZSP soient tous équipés ».

Aux policiers municipaux, dont la fonction première était juste de faire respecter les arrêtés municipaux, il affirme que les caméras individuelles sont « pour la lutte contre le crime organisé, le terrorisme, dans les zones à risque ». Aux agents de sécurité de la RATP et de la SNCF, il explique qu’elles « limiteront les incivilités et accéléreront la collecte des preuves s’il y a procédure judiciaire ».

Vrais problèmes, fausses solutions

Après les armes pour tous les corps de sécurité, le ministre renforce la cohésion par la toute-puissance « des troupes » vis-à-vis de la justice : « les caméras permettront la protection judiciaire en cas de contestation d’une de leurs interventions ». Un message bien reçu notamment par J-C Duhamel du  Syndicat de défense des policiers municipaux : « ça limitera les accusations mensongères contre les agents, mais nous ce qu’on veut, c’est être armé, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas se défendre contre les délinquants »...

Encore une fois, ce décret renforce l’institutionnalisation de la discrimination, amalgamant encore terrorisme, délinquance et quartiers populaires. Quant au récépissé de contrôle d’identité, il semble définitivement enterré. Même si cette « solution » ne règle pas le fond du problème, dans certaines villes européennes, sa mise en place a permis de quantifier, de faire baisser les discriminations au faciès et de diminuer le nombre ahurissant des contrôles. À suivre.

Roseline Vachetta