Après Hollande qui s’était déplacé à La Courneuve (93) la semaine dernière, ce lundi 26 octobre Valls a tenu un comité interministériel aux Mureaux (78) pour faire le point sur sa politique de la ville.
Petite différence entre les deux : Valls s’est déplacé dans une ville vidée de sa population par la police et l’heure matinale, sans risque de la moindre contestation... à la différence de Hollande conspué quelques jours plus tôt.
Dix ans après les révoltes de 2005, tous deux sont venus faire des annonces qui peuvent être considérées comme dérisoires et trompeuses. Du côté de Hollande, la création d’une nouvelle agence pour favoriser la création d’entreprises, comme si cela pouvait avoir par exemple le moindre effet sur l’emploi des jeunes, où le chômage en ce qui les concerne dépasse les 20 % pour atteindre les 35 % à la cité des 4 000... De son côté, aux Mureaux, Valls est venu annoncer les caméras pour les policiers afin de lutter contre les contrôles au faciès, des testings pour mesurer les discriminations à l’embauche dans les entreprises de plus de 1 000 salariéEs, et principalement le renforcement des mesures contre les villes qui n’appliquent pas la loi dite SRU, qui exigent 25 % de logements sociaux au minimum par localité, avec la possibilité donnée au préfet de se substituer aux maires récalcitrants.
Le tout s’accompagne de discours style « la banlieue fait partie à part entière de la France et de la République », histoire de faire disparaître la réalité, la politique réelle qui s’applique contre les classes populaires et les villes où elles habitent.
La « politique de peuplement »
Derrière ces mesures anecdotiques il faut aller chercher ce qu’ont fait vraiment les gouvernants, toutes tendances confondues. L’essentiel a porté sur les rénovations. Démolitions et reconstructions d’immeubles, de quartiers, se sont multipliés par le biais de l’agence ANRU qui a disposé de plusieurs dizaines de milliards d’euros pour ces opérations.
Il ne s’agit pas de répondre aux difficultés des habitants eux-mêmes, en matière d’emploi, de formation, d’éducation, mais de morceler les zones d’habitation populaires qui peuvent être des lieux de résistance, de révoltes. Lors de son discours à La Courneuve en janvier 2015, Valls avait lâché le morceau, osant parler de « politique de peuplement » nécessaire, ce qui en d’autres termes veut dire le remplacement des habitants les plus pauvres par de plus aisés. C’est ce qui est à l’œuvre dans la proche couronne de Paris, particulièrement en Seine-Saint-Denis où la rente foncière est le moteur financier de ces politiques.
Il ne s’agit pas de donner des logements à ceux qui ont le plus de difficultés à se loger. Ainsi, la pénurie ne diminue pas en Île-de-France, et le nombre de logements sociaux construits n’a jamais été aussi faible. Il s’agit de briser les possibles résistances en détruisant les immeubles des quartiers populaires où domine de façon homogène le logement social : accession à la propriété, nouveaux immeubles résidentialisés, implantation de logements de standing dans les zones préservées, comme cela a été tenté au parc de La Courneuve, pour attirer de nouvelles couches sociales.
Avec du temps et des moyens, il s’agit bien d’une offensive de grande ampleur de morcellement, de fragmentation, au besoin de façon autoritaire, pour faire « disparaître » les quartiers populaires, la classe ouvrière qui y habite, et ses revendications.
JMB