Publié le Vendredi 27 novembre 2015 à 21h35.

Qui sont les terroristes pour le gouvernement?

Alors qu'un hommage national était rendu aujourd'hui aux Invalides, à grand renfort de drapeaux français encourageant les français à aller boire en terrasse, à propager un modèle français, l'union nationale dévoile son vrai visage…

La France, le pays des droits de l'homme

Nous découvrions donc ce matin, journée d'hommage national par le biais de la presse, que l'état français avait formellement le Conseil de l'Europe depuis le 24 novembre de son intention de déroger à la Convention européenne des Droits de l'homme. L’article 15 de la convention permet de déroger à ces droits censés être fondamentaux si la nation est en guerre ou en danger. L'état d'urgence est un état d'exception où nos droits sont bafoués, comme celui de manifester. Mais pas seulement : les assignations à résidence sur simples renseignements, c'est-à-dire sans preuves, ne sont bien évidemment pas possible dans le cadre de la Convention. De même, dans le cadre des perquisitions liées à l'état d'urgence, les policiers ont ainsi copié allégrement des disques dur entiers d'ordinateurs, quand ils ne les ont tout simplement pas saisis, ce qui est normalement jugé contraire au respect de la vie privé garanti par cette même Convention. Mais surtout, les perquisitions ne requierent plus l'autorisation d'une autorité judiciaire, mais dépendent directement du Ministère de l'Intérieur, ce que dénonce notamment le Syndicat de la Magistrature. Le soi-disant modèle français, la patrie de la Liberté et des Droits de l'homme, prend du plomb dans l'aile.

Dénonciation, stigmatisation, discrimination

Dès le 14 novembre, de nombreuses perquisitions ont été réalisées partout en France. Aujourd'hui, on compte pas moins de 1616 perquisitions, 266 armes saisies et 290 assignations à résidence prononcées, selon le Ministère de l'Intérieur. Pourtant, très peu débouchent sur des gardes à vue, et peu nombreuses sont celles liées aux attentats du 13 Novembre. Le maître mot est donc de lutter contre le terrorisme et punir les gens pour des crimes qu'ils n'ont pas commis, puisque les assignations à résidence touchent pour beaucoup des gens chez qui l'on a pas trouvé de preuves incriminantes… Dès les attentats de janvier, le gouvernement avait encouragé la délation des “personnes radicaliséEs”, notamment via l'institution scolaire et les éducateurs. Dans la nuit du 15 au 16 novembre, un jeune homme de 21 ans, aveugle, était perquisitionné sur la simple dénonciation de sa voisine qui trouvait louche… qu'il se soit rasé la barbe ! De nombreuses perquisitions et assignations à résidence se font donc sur la base de la stigmatisation, de la discrimination, comme en témoigne un chef d'équipe à Roissy, qui a par ailleurs porté plainte puisqu'il ne serait même pas fiché « S ». Dans les gares et les stations de métros, plus que jamais le contrôle au faciès est de mise, révélant une islamophobie latente.

Criminalisation du mouvement social

Mais l'état d'exception prend une tournure différente ces derniers jours, démontrant la volonté du gouvernement de faire taire toute contestation. L'interdiction des manifestations faisait déjà polémique puisque dans le même temps, le gouvernement n'avait aucun problème à autoriser les rassemblements d'hommage, les marchés de Noël ou encore les manifestations sportives. Dimanche dernier, la manifestation de soutien aux migrantEs a donc purement et simplement été interdite. Plusieurs organisations, dont le NPA, ont appelé à maintenir cette initiative. Si cela s'est passé sans trop de heurts, dans les jours qui suivirent la police a transmis 58 noms soupçonnés d'avoir participer à cette manifestation interdite, des convocations quasiment immédiate.

Après avoir interdit les manifestations partout en France dans le cadre de la COP21, ce sont les milieux écologistes, zadistes, radicaux qui se font perquisitionner, comme un squat au Pré-Saint-Gervais ce vendredi 27 novembre, une perquisition chez des maraîchers bio en Dordogne ou ces militantEs assignéEs à résidence pendant toute la durée de la COP. Le gouvernement pense-t-il réellement trouver des terroristes chez ces militantEs qui se battent pour notre futur ? Le gouvernement démontre le vrai visage de l'Union nationale : faire taire toute contestation de sa politique. Plus que jamais, nous devons être nombreuses et nombreux dans la rue dimanche 29 pour le climat et pour refuser l'état d'urgence.

Mimosa Effe