Publié le Vendredi 28 novembre 2008 à 13h43.

Revenus agricoles : les raisons de la colère

Blocages de laiteries, occupation des locaux de la Commission européenne à Paris, etc. : une série de luttes dénonce la baisse continue des revenus agricoles. La mondialisation financière est au cœur de cette problématique.

Le revenu des agriculteurs suit le yo-yo de la Bourse : un jour en hausse, le lendemain en baisse. Les biens alimentaires sont devenus objets de spéculation et, comme dans toute spéculation, il y a des gagnants (les gros céréaliers en 2007) et des perdants (la majorité des éleveurs), qui n’ont, à vrai dire, jamais voulu participer au jeu. La baisse de revenus des éleveurs oscille entre 25 et 50 % en 2007. Au-delà de ces tendances, la réalité pour le plus grand nombre reste dramatique : la moitié des paysans français vit avec un revenu inférieur au Smic.

Les spéculateurs jouent, et les petits agriculteurs, les paysans voient leurs revenus totalement absorbés par les baisses spéculatives des prix de leurs produits et les hausses exponentielles des coûts de production, eux-mêmes liés à la spéculation ! Les revenus en agriculture sont très disparates. Ils sont fonction de la taille, de la surface économique, du type de production et de l’exploitation. Certains agriculteurs veulent vivre du produit de leur travail, d’autres se servent de la production agricole pour vivre de produits financiers ou de la spéculation.

Le prix des denrées alimentaires est déconnecté de la rémunération du travail. Pourquoi ? On peut distinguer trois moteurs essentiels. D’abord, la spéculation boursière sur les prix des denrées agricoles. Tous les prétextes sont bons pour créer des rumeurs spéculatives : aléas climatiques, baisse des stocks mondiaux, etc. Deuxièmement, la croissance des taux de profit et des rémunérations des actionnaires, pour les grandes sociétés semencières, productrices d’intrants, la grande distribution et l’industrie agro-alimentaire. Enfin, la mondialisation des échanges commerciaux, qui entraîne une concurrence exacerbée entre les pays émergents et les pays développés (surexploitation de la main-d’œuvre, pillage des ressources…).

Ces différents moteurs sont utilisés par le complexe agro-industriel. Aujourd’hui, il existe des palliatifs ponctuels pour alléger la pression capitaliste, comme la vente directe, les aides d’État ou européennes, mais ils ne font que maintenir une catégorie socioprofessionnelle pourtant indispensable à l’économie et au tissu rural au-dessus d’un seuil de survie. L’agriculteur n’échappe pas au rouleau compresseur capitaliste. Pour vivre de son travail, il doit participer à l’avènement d’une autre société, anticapitaliste, avec un système économique au service de la satisfaction des besoins de l’ensemble de la société. La résolution de la faim dans le monde n’est pas un problème technique (OGM, pesticides et autres), mais elle relève de choix politiques que le système capitaliste, par essence, ne veut pas satisfaire. 

La commission agriculture du NPA