Les attentats qui ont touché le pays vendredi en disent long sur l’état de ce monde. Un monde qui sombre dans le chaos sous la direction de forces de plus en plus réactionnaires et autoritaires.
Cent-vingt-neuf mortEs, 352 blesséEs, dont une centaine en état critique. Leur seul crime était de se retrouver à un concert, à un match ou à une terrasse pour boire un coup. Beaucoup d’entre nous connaissent quelqu’un qui a été touché de près ou de loin par ce drame. Nous partageons l’indignation face à cet acte de guerre dirigé contre des civils.Celui-ci donne un nouvel aperçu des objectifs politiques d’une organisation comme Daesh, qui sont le contraire de l’émancipation humaine : mettre en place une dictature au Moyen-Orient, recruter les éléments les plus désocialisés et agressifs pour former ses troupes et construire une autre société...
La France en guerre
Cette attaque vient nous rappeler que le pays est en guerre, depuis de longues années. Souvent, en France, on se cache les yeux pour ne pas voir les interventions aériennes ou au sol, en Syrie, en Irak, au Mali, au Sahel, en Côte-d’Ivoire, en Afghanistan, en Libye.Comme Bush après le 11 septembre 2001, Hollande et Valls veulent nous faire oublier cette réalité, et cherchent à nous convaincre qu’ils ne sont pas à l’origine du conflit armé pour nous entraîner dans une nouvelle croisade au Moyen-Orient. Jamais les interventions impérialistes n’ont eu pour objectif de combattre le terrorisme, l’intégrisme et les dictatures. Elles n’ont jamais servi qu’à renforcer l’influence de la France et de ses alliés, à consolider les dictatures alliées (en Afrique notamment, autrefois en Libye avec Kadhafi, ou en Syrie) et à récupérer des marchés pour les compagnies pétrolières, l’industrie nucléaire, minière ou agricole.Hollande nous dit qu’il veut s’attaquer au trafic d’armes... alors que les ventes d’armes françaises vont battre tous les records en 2015 (avec des ventes à hauteur de 15 milliards d’euros). Hollande dit vouloir éradiquer le terrorisme alors que ses soutiens – actif à la Turquie et passif au gouvernement syrien – aident les plus grands adversaires des forces progressistes locales, les seules forces à pouvoir combattre efficacement les intégristes : le Parti des travailleurs du Kurdistan et l’Armée syrienne libre.Les croisades impérialistes en Irak et en Afghanistan ont largement montré leur inefficacité, et seule une révolte des populations, du mouvement ouvrier local, pourrait libérer ces pays des dictatures militaires ou religieuses.
Non à l’union nationale et à l’islamophobie
Leur guerre n’est pas la nôtre. Ni à l’extérieur ni à l’intérieur. L’état d’urgence restreint outrageusement les libertés, comme lors de sa première utilisation, pendant la guerre d’Algérie ou lors de la révolte des banlieues en 2005. Le climat de guerre est déjà de mise.Nous n’accepterons pas non plus la suspension de la lutte des classes : Macron, Combrexelle, la direction d’Air France ou des hôpitaux n’arrêteront pas leurs attaques, leurs licenciements, leurs réductions budgétaires.Enfin, nous n’accepterons pas le développement du racisme et la stigmatisation des musulmans, sommés de se prononcer sur les attentats. Le Front national surfe sur la vague pour développer son discours raciste et anti-immigrés, mais Sarkozy et Valls ne sont pas en reste.Hollande a reçu tous les dirigeants de partis, y compris le FN, pour voir comment rassembler derrière lui les principaux partis. Des consignes sont données aux préfectures pour annuler les manifestations prévues ces prochains jours : contre les violences faites aux femmes, pour les migrants et pour sauver le climat.
Plus que jamais, agir et faire de la politique
On entend beaucoup autour de nous qu’il faudrait arrêter de faire de la politique par respect pour les victimes. C’est une lourde erreur ! Daech fait de la politique, Le Pen fait de la politique, les généraux d’armée et le gouvernement font de la politique. Ne soyons pas les seuls à ne pas en faire.Ces attentats montrent l’état de ce monde : intégrisme, racisme, guerres... Gramsci écrivait : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Il y a donc urgence à agir, à changer de société. Discuter partout, organiser des réunions politiques, des distributions de tracts, braver l’état d’urgence en maintenant les manifestations, continuer nos mobilisations et nos grèves.Nos solidarités sont la réponse à leurs guerres, elles se construisent dans les luttes sociales.
Antoine Larrache