Malgré la pression médiatique et les critiques de plus en plus virulentes des opposants de la 25e heure comme Michel Platini, Sepp Blatter a été réélu président de la Fifa pour quatre ans. Il a ensuite été contraint à la démission… Il faut dire que ce parrain mafieux tient bien son réseau de dirigeants nationaux du football mondial... Pourtant, quelques jours plus tôt, la justice américaine avait sonné la charge contre son entourage, une quinzaine de responsables et de partenaires de la Fifa, accusés de pas moins de quarante-sept chefs d’accusation : délits de blanchiment, gestion déloyale, comptes cachés, fraude fiscale. Et 150 millions de dollars distribués généreusement pendant vingt-cinq ans par un large panel de corrupteurs à un large panel de corrompus...
Fondée en 1904, la Fifa est une multinationale puissante qui se pare des atouts d’une association à but non lucratif... Comptant aujourd’hui 209 membres (plus que le nombre d’États membres à l’ONU, 193), la Fifa porte la devise « pour le jeu, pour le monde », et sa mission serait de veiller à l’« universalité » du football, au respect des ses règles. Derrière ce monde de bisounours se cache la Coupe du monde, la principale source de revenus de la Fifa (90 %). Celle-ci a enregistré un bénéfice de 308 millions d’euros sur la période 2011/2014 pour un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros, grâce en grande partie aux revenus du Mondial 2014 au Brésil. Et les comptes en banque de la Fifa affichent aujourd’hui près d’1,4 milliard d’euros, produit de la vente des droits de retransmission télé de la Coupe du monde, ainsi que des sponsors associés à l’événement.
Dès lors, au vu d’un budget que pourraient envier bien des États en difficulté, qui s’étonnera qu’un tel gâteau, comme n’importe quel marché capitaliste, puisse générer des phénomènes de corruption ? Que ces derniers jours le premier défenseur inconditionnel de Blatter soit Poutine... l’organisateur de la Coupe du monde en Russie en 2018 ? Qu’en 2022 au Qatar, en dépit de toute rationalité, on fera courir les footballeurs du monde dans des stades climatisés construits aujourd’hui avec le sang, la sueur et les larmes des travailleurs immigrés, vivants ou morts ? À l’inverse du ballon, leur monde ne tourne pas rond...