Au moment où certains restent planqués derrière leur bouclier fiscal ou judiciaire, les cinq accusés de Villiers-le-Bel et leur entourage ont pris, à l’écoute du verdict, un véritable coup de matraque. Un coup qui, de larmes et de cris étouffés, a déchiré la salle d’audience du tribunal de Pontoise dans la nuit du 2 août à 2 heures du matin. Un coup de plus après la mort de Moshin et Lakhamy. Une mort absente du procès, si ce n’est par la présence de l’avocate générale. La même magistrate qui, il y a deux ans et demi, avait en charge le dossier et avait conclu à un accident, et qui aujourd’hui accuse d’autres jeunes de Villiers-le-Bel des tirs de grenaille portés sur des policiers lors des révoltes qui ont suivi. Un coup politique pour un procès orchestré en haut lieu, celui de la banlieue, des quartiers populaires, des jeunes, des noirs et des Arabes. Un coup de boule pour l’exemple, un bon coup pour la police. Un procès qui ne repose pour l’essentiel que sur quatre témoignages sous X, dont un seul au final se sera fait entendre. Trop bien entendre d’ailleurs, puisque le témoin s’avère être un indicateur de la police ! S’ajoutent quelques témoignages complaisants qui s’écroulent un à un : un des témoins dit avoir rencontré des conseillers du cabinet Sarkozy, un des policiers a subitement eu un « flash » lors de l’audience et a reconnu l’un des prévenus, pourtant déjà incarcéré depuis vingt-huit mois. Pathétique ! Au final, un dossier d’un vide absolu et pourtant un verdict lourd, de quinze ans de prison pour Abderhamane Kamara, douze ans pour Adama son frère, neuf ans pour Ibrahima Sow et trois ans pour Maka Kanté et Samuel Lambalamba. Il ne s’agit pas d’une simple erreur judiciaire, mais de l’illustration d’un système judiciaire et policier au service de quelques-uns. Les mêmes qui, pour appliquer des politiques de casse sociale et d’explosion des inégalités, montrent à la vindicte populaire du bout de leur cigare une partie de la population : celle qui subit le plus les effets de la crise capitaliste et les discriminations en tout genre. Pour autant, les résistances dans les quartiers populaires existent, à l’image du collectif « Respect, Vérité et Justice » de Villiers-le-Bel ou d’autres collectifs contre les violences policières qui tentent de se coordonner. Il est plus que temps que les forces politiques capables de s’unir pour défendre des syndicalistes criminalisés apportent leur soutien matériel, moral et politique à tous ces collectifs. Omar Slaouti
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