Les Jeunesses anticapitalistes du NPA Montpellier ont organisé le jeudi 30 novembre une projection du documentaire « Briser le silence des amphis »1. Réalisé par Lysa Heurtier Manzanares, il a été co-produit par trois associations (Écran et Parole, l’association Hystérique, Les Artpies’Cultrices).
Ce documentaire nous offre les témoignages d’étudiantes ou doctorantes, victimes de violences sexistes et sexuelles. En effet, l’enseignement supérieur et la recherche ne sont pas épargnés par le patriarcat et ses violences. D’après, l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur, plus d’un quart des étudiantEs (27 %) déclarent avoir été victimes d’au moins un fait de violence sexiste, sexuelle ou LGBTQIA+phobe.
Le harcèlement sexuel ou moral à l’université
Le documentaire permet de mettre en lumière l’omerta existant sur les violences et le renversement de la culpabilité subie par les victimes. Les procédures sont longues et douloureuses, et ce sont trop souvent les femmes qui changent d’université pour se protéger. Aussi, il permet de comprendre une forme spécifique de violence, celle du harcèlement sexuel et moral. Les agresseurs violentent souvent grâce aux positions de pouvoirs dont ils bénéficient dans l’enseignement supérieur et la recherche, un milieu toujours trop marqué par le plafond de verre : enseignant vers unE étudiantE, directeur de thèse vers unE doctorantE… Ce sont des relations avec des rapports de dépendance, d’hégémonie intellectuelle, permettant l’emprise et le harcèlement. L’institution elle-même est marquée par le patriarcat et structurée hiérarchiquement, où règne la domination et la supériorité masculine et une sélection sociale et genrée. En somme, c’est l’institution qui favorise l’apparition des violences.
Exemple des étudiantes de Sciences-Po
La discussion qui a suivi la projection a permis de parler de la question du rapport de forces féministe et des perspectives. Nous avons discuté des campagnes existantes, menées par des syndicats étudiants ou collectifs féministes, avec des affichages dans nos universités proposant un accompagnement ou affichant des mots d’ordre tels que « Ta main sur mon cul n’est pas au programme ». Recouvrir son université de messages, construire la solidarité en écoutant et accompagnant les victimes, c’est aussi dire aux agresseurs que nous ne les laisserons pas faire. Enfin, la construction du rapport de forces dans nos lieux d’études, de travail ou de vie, s’accompagne inévitablement des mobilisations de masses : assemblées générales féministes, manifestations, rassemblements… Nous avons pris exemple sur les étudiantes mobilisées à Sciences-Po, qui ont construit un mouvement massif contre l’omerta et l’impunité en 2021 et qui se sont remobilisées lors de la rentrée 2023, bloquant leurs établissements face au manque de changement réel. Une de touchée, toutes concernées : partout, construisons la solidarité et la riposte féministe !