Position A
Une campagne de tout le parti, pour se tourner vers l’extérieur !La conférence nationale du NPA des 25 et 26 juin 2011 a décidé que s’exprime sur le terrain électoral en 2012 une force anticapitaliste, indépendante du PS et de ses alliés, porteuse d’un programme d’urgence sociale, écologique, féministe, internationaliste, un programme pour les luttes et leur généralisation, autour de son candidat Philippe Poutou. Décidant ainsi de faire entendre, lors de cette échéance centrale, une voix qui condamne les politiques d’austérité menées par la droite comme celles menées par la gauche. Une voix qui, quelques mois après la catastrophe de Fukushima, exige sans ambiguïté de sortir du nucléaire et de mettre en place un service public de l’énergie sous le contrôle des salariéEs et de la population. Une voix qui lutte contre toutes les discriminations et pour l’égalité des droits et des salaires entre femmes et hommes, communautaires et étrangers, homos et hétéros, valides et personnes handicapées. Une voix, qui s’appuyant sur leurs mobilisations, défende les intérêts des salariéEs contre les suppressions d’emplois, pour l’interdiction des licenciements, le partage du temps de travail et pour des augmentations de salaires. Une voix qui propose une véritable rupture anticapitaliste.
À travers la préparation de cette CN, dans un débat souvent âpre, des divergences, des désaccords de fond ont vu le jour. Encore faut-il prendre le temps d’une véritable discussion dans tout le parti pour prendre la mesure de ces désaccords. Tactiques ou stratégiques ? Appréciations différentes de notre projet de fondation ? Divergentes ? Ces désaccords n’ont pas été tranchés dans cette conférence nationale qui avait pour unique objectif de définir notre démarche politique pour les élections de 2012. Dans cette discussion difficile, nous avons lu ou entendu, ici ou là, des phrases définitives sur les supposés projets des uns et des autres, des caricatures insupportables. Pour notre part, nous pensons que les désaccords actuels au sein du NPA, désaccords qu’il faudra discuter, trancher ne sont pas pour nous incompatibles avec une construction commune. Tout le monde, toutes celles et ceux qui se sont inscrits dans le cadre du projet fondateur du NPA peuvent et doivent travailler ensemble. C’est la base pour discuter et agir dans notre parti. Toutes ces questions, nous les discuterons au sein du NPA pour le prochain congrès. Aujourd’hui, il faut agir ensemble, des comités de base à la direction. C’est la condition pour pouvoir faire front, faire la campagne et remonter la pente.
Nous pensons qu’il existe un socle commun suffisamment fort pour que nous puissions nous mettre d’accord sur le contenu de ce que nous allons défendre ensemble et rassembler le parti autour de sa campagne. Nous avons devant nous une bataille difficile et bien des obstacles à surmonter. Mais nous sommes convaincus que bien des militantes et militants autour de nous comprennent l’importance qu’il y a que notre parti puisse être présent dans la prochaine bataille électorale.
Dans un premier temps, nous devons réussir à surmonter le barrage des 500 parrainages d’élus qu’une loi antidémocratique nous impose. Créer les conditions en interne pour la réussite de cette tâche immédiate, c’est une urgence et une responsabilité collective.
L’heure est au rassemblement de notre parti pour donner un contenu concret et vivant à nos principes fondateurs, redonner toute sa dynamique à notre projet commun, projet qui, plus que jamais, a pour vocation d’entrer en résonance avec la révolte des IndignéEs de l’État espagnol et de Grèce, celle des peuples d’Europe et du monde arabe, avec toutes celles et ceux qui se battent et résistent contre ce système et les crises qu’il engendre.
Position B
Extraits de la déclaration des quinze membres du CE de la position B, après discussion collective des déléguéEs à la CN.
Anticapitalistes, féministes et unitaires. Pour un écosocialisme du 21e siècle
Sous l'impulsion d'une nouvelle majorité de direction, la conférence nationale du NPA tourne le dos au projet de rassemblement des anticapitalistes et à toute perspective unitaire. Ce faisant, elle va au-delà d'un simple positionnement pour l'élection présidentielle. […]
Cet isolement proclamé et programmé ne peut conduire qu’à une impasse et privera le NPA de toute capacité de peser sur les débats qui naîtront des grandes échéances à venir. […] La crise du capitalisme, ses effets d’endettement et d’austérité en Europe, les menaces climatiques et environnementales et la crise alimentaire latente qu’elles entraînent, la raréfaction des ressources et les risques de guerre qu’elles font peser, la brutalité des politiques menées par la droite et par la social-démocratie, les soulèvements et résistances qu’elle provoque, de la Grèce à l’Espagne, de la France à l’Italie, la montée de l’extrême droite, le printemps arabe et la catastrophe lente et inexorable de Fukushima ; la situation est inédite, mouvante et contradictoire. Dans ce contexte, il nous faut être encore plus un parti ouvert, capable de […] porter un projet de rassemblement anticapitaliste indépendant du PS s’adressant aux animatrices et animateurs du mouvement social sans contourner les forces et les courants politiques. Nous souhaitons que la droite et le FN soient battus en 2012. Il s’agira alors de regrouper, dans un bloc d’opposition de gauche, les forces sociales, écologistes et politiques qui refuseront de participer ou de soutenir la politique menée par les socio-libéraux. […] C’est l’objet d’une bataille politique permanente avec comme programme un plan de rupture anticapitaliste et écosocialiste, à partir du document adopté lors de notre dernier Congrès, Nos réponses à la crise.
Concernant les possibilités d’un accord électoral avec d’autres forces pour la présidentielle de 2012, nous continuons d’affirmer qu’une candidature unique de rassemblement à gauche du PS était souhaitable. Mais pour nous, tout accord électoral suppose que toutes les composantes affirment clairement l’impossibilité de gouverner avec le PS et de constituer avec lui une majorité parlementaire. Force est de constater que ces conditions n’ont pas pu être réunies avec le Front de Gauche. Nous pensons qu'une politique offensive du NPA aurait pu faire bouger les lignes Nous constatons également qu'il existe de nombreux courants et militantEs d'accord avec nous, qui ne se résignent pas à la division qui règne à la gauche de la gauche et qui refusent la perspective d'un accord gouvernemental avec le social-libéralisme. Au contraire d'une politique de dénonciation et d'auto-affirmation contre-productive, il faut donc poursuivre la confrontation politique pour peser dans la reconstruction/recomposition du mouvement social et politique (luttes sociales, élections législatives notamment).
Si nous reconnaissons le résultat du vote des militantEs, nous ne pouvons assumer les conséquences des décisions de cette CN : celles d’une posture identitaire d’un NPA n’ayant plus aucun lien avec son projet fondateur […]
Au cours de la conférence nationale la quasi-totalité des déléguéEs de la position A a voté contre un amendement qui proposait d'intégrer à leur texte une référence à Nos réponses à la crise, document programmatique majoritairement adopté au dernier congrès. Ils ont aussi exclu que le NPA soit représenté par une de ses porte-parole à l'élection présidentielle. Cela ne manquera pas d'être reproché à une organisation féministe qui avait enfin l'occasion de présenter une candidate.
Nous ne nous reconnaissons pas dans le démarrage de cette campagne électorale qui ne rassemble pas notre parti. Nous continuerons à prendre toute notre place dans celui-ci, tout en défendant d'autres choix.
À l'issue de cette conférence nationale qui a vu s'affirmer une opposition qui rassemble 40% des militantEs et des déléguéEs, nous appelons les camarades qui se reconnaissent dans cette orientation pour le NPA à s’organiser en un courant, anticapitaliste, écosocialiste, féministe et unitaire. Nous organiserons une assemblée constitutive de ce courant en octobre. […]
Version intégrale ici :
Position C
Pas d’issue sans stratégie ni programme révolutionnaires !La situation montre que, pour être utile aux travailleurs et à la jeunesse, il ne suffit pas d’encourager les luttes. Après la vague de processus révolutionnaires dans les pays arabes, une crise politique majeure couve en Grèce, maillon le plus faible de l’Union européenne. Face à un monstrueux plan d’austérité, la mobilisation de dizaines de milliers d’indignés, les journées de grève générale, l’encerclement du Parlement n’ont pas permis d’arrêter le « socialiste » Papandréou. Or le régime grec menace les prolétaires de toute l’UE. En France, les suppressions d’emplois pleuvent, PSA a annoncé la fermeture d’Aulnay et Sevelnord, le management impose des cadences infernales, le gouvernement veut forcer les chômeurs à travailler pour une bouchée de pain, les immigrés sont dénoncés comme boucs émissaires et pourchassés... et Sarkozy promet pire encore sous prétexte d’éviter la situation grecque !
Pour ouvrir une issue politique à celles et ceux qui luttent, nous avions proposé aux camarades de doter le NPA d’un programme révolutionnaire. Lors du vote non contradictoire, nous nous sommes abstenus sur le texte A, avons voté contre le texte B (qui proposait de poursuivre les discussions avec le Front de gauche). Nous avons été choqués de voir que la quasi-totalité des délégués de la position A (y compris la majorité de la P2) ont joint leur voix à la B pour voter contre notre texte C, alors que, lors des AG électives, certains avaient dit être d’accord sur l’essentiel avec la position C, afin de convaincre les hésitants de voter « tactiquement » pour la A. Le texte A ayant obtenu une courte majorité absolue sur du flou (une campagne se faisant l’écho des luttes, mais sans stratégie ni programme), nous avons adopté d’emblée une démarche constructive en proposant à la conférence nationale de le clarifier sur des points clés : 1) Expropriation sans indemnité ni rachat et sous notre contrôle non seulement des banques (pour financer l’économie) et des entreprises de l’énergie (pour sortir du nucléaire en dix ans), mais aussi des entreprises du CAC 40 en général avec leurs 100 milliards de profits, condition pour que nous puissions, exploités et opprimés, réellement diriger la production.2) Destruction des institutions actuelles au service du capital à remplacer par un gouvernement des travailleurs eux-mêmes, seul capable d’imposer la pleine réalisation de nos mots d’ordre : aucun licenciement, partage du travail jusqu’à la disparition du chômage, etc. 3) Une stratégie clairement différente de celle des directions syndicales réformistes, centrée sur l’auto-organisation, les initiatives pour la convergence et le combat pour la grève générale.4) Une caractérisation précise du Front de gauche : front antilibéral qui ne remet pas en cause la propriété privée des grands moyens de production, gère les institutions (hier et peut-être demain au gouvernement central, aujourd’hui dans les régions, départements et villes) et soutient les directions syndicales réformistes, obstacle essentiel aux luttes.
Malheureusement, la conférence nationale n’a pas planché sur le contenu de la campagne. D’emblée, les dirigeants de la position A ont décidé de discuter d’abord du choix du candidat, puis des axes de campagne, privilégiant le « casting » au « scénario ». Ils ont rejeté en commission nos quatre amendements au projet de déclaration et, contrairement à l’usage, nous ont refusé de les soumettre en plénière. Les délégués n’avaient le choix qu’entre approuver ou rejeter en bloc le texte préparé par une poignée de dirigeants. Les autres commissions ont été centrées sur les slogans et la forme de la campagne et leurs débats n’ont même pas été pris en compte ! C’est très grave : la contradiction est terrible entre le projet émancipateur que nous portons et les pratiques internes qui ne peuvent que frustrer et décourager les militants.
Alors que certains dirigeants de la position B ont laissé entendre qu’ils ne feraient pas la campagne du NPA (espérons que les camarades de la base de la B ne les suivront pas !), nous la ferons. Cependant, les compromis flous nous condamnent à l’impuissance. Nous continuons donc le combat pour convaincre une majorité de camarades. Face à la crise capitaliste et à la montée du FN, notre parti ne peut être utile aux travailleurs que s’il se dote d’une stratégie et d’un programme révolutionnaire concret et vivant.
Délégation de la position C