Tribunes de discussion du 2 juin
Texte A : rassembler le parti autour d’une candidature et d’une campagne anticapitaliste
La lecture dans Tout est à nous ! du 19 mai de la tribune des camarades défendant la motion B, minoritaire au CPN, surprend par la volonté délibérée de diviser, de cliver le parti en accentuant les désaccords plutôt que de chercher les voies et moyens de les surmonter.
Le désaccord entre les deux motions porte sur l’opportunité de poursuivre les discussions dans la perspective des échéances électorales de 2012 et d’annoncer la possibilité du retrait de la candidature du NPA. Nous souhaitons que la motion A soit le plus largement majoritaire parce que nous pensons que les propositions contenues dans la motion B fragilisent et compromettent notre candidature. Nous souhaitons cette majorité pour permettre à tout le NPA, et au-delà à toutes celles et ceux qui le souhaitent, de mener une campagne politique dynamique et ouverte, une campagne sur la base du programme du NPA. Ce programme, ce que nous aurons à dire à des millions de gens dans la campagne électorale est partagé très majoritairement dans le NPA et a été voté plusieurs fois. Il reste non seulement à actualiser et préciser les différents points, mais encore à les articuler dans un discours public et à les hiérarchiser, savoir sur quoi on insiste, comment on le formule, avec quels arguments.
La stigmatisation ne fait pas une politique. Nos camarades savent qu’ils défendent une orientation qui dans la pratique n’est pas possible. Ils le savent comme tout le monde puisque le Front de gauche a choisi son candidat et qu’il n’y a pas de candidat issu du mouvement social. C’est un fait, quoi que l’on pense de cette éventualité aujourd’hui. Cela suppose bien sûr que nous soyons d’accord les uns et les autres sur le constat qu’entre le Front de gauche et nous, il y a un désaccord stratégique de fond. Le Front de gauche se situe dans une perspective institutionnelle d’union de toute la gauche, pas nous. C’est bien cette divergence de fond qui justifie nos existences séparées. Les camarades défendant la motion B la minimisent pour souhaiter un bloc des anticapitalistes et des antilibéraux.
Pour nous, c’est bien ce constat qui nous conduit à défendre une orientation visant à unir notre parti autour de son ou sa propre candidatE pour développer un programme de rupture anticapitaliste et porter les exigences du monde du travail, des jeunes. Cela ne veut pas dire que nous soyons tous d’accord sur les questions stratégiques, que nous ayons surmonté toutes nos divergences, en particulier les discussions qui ont eu lieu à propos du document « Nos réponses à la crise ». Mais nous avons dans le projet même de fondation du NPA, comme dans les perspectives que nous mettons en œuvre dans le travail militant quotidien, les bases pour rassembler le plus largement possible les militantEs du NPA et répondre aux besoins de la situation sur le terrain des luttes et bien sûr dans les élections.
Espérons que nous saurons, à l’issue de la conférence nationale, nous unir pour défendre notre programme d’urgence sociale, démocratique, écologique, un programme pour en finir avec la dictature des banques et de la finance, vers un gouvernement démocratique des travailleurs issu des mobilisations.
Armelle, Christine, Jean-François, Marie-Hélène, Sandra, Yvan.
Texte B : quel est l’enjeu de la CN ? (épisode 1)
La conférence nationale du NPA a pour objet de trancher la démarche et l’orientation de notre parti pour les élections de 2012. Le processus engagé doit donc, tout à la fois, définir le profil de la campagne, engager la discussion sur le programme et arrêter le nom du candidat ou de la candidate. Lors du CPN de mai, nous avons défendu une approche d’ensemble, cohérente que traduit le texte B que nous soumettons au vote des militantEs. Ce texte, propose de présenter une de nos porte-parole comme candidate et défend en même temps la poursuite d’un projet de rassemblement des anticapitalistes. Il s’appuie sur le texte programmatique voté lors de notre congrès, « Nos réponses à la crise ».
En revanche du côté du texte A, c’est le flou qui domine : « Cette CN discutera du programme défendu lors de cette échéance et arrêtera le nom de notre candidatE à l’élection présidentielle », nous dit-on. Fort bien, cette CN est faite pour cela, mais que proposent les camarades à l’organisation ?
Sur le profil, le texte A en reste aux généralités, en appelant aux luttes et à la solidarité avec les révolutions arabes. Sans doute ne pouvait-il en être autrement pour parvenir à un accord au sein d’un attelage aussi hétéroclite, rassemblant des camarades de l’ex-P1 qui avaient voté la motion majoritaire au CPN du mois de mars sur la démarche de rassemblement, et des camarades qui s’y étaient farouchement opposés. Notons tout de même ce qui semble constituer le point d’accord entre les signataires : « Nous chercherons à rassembler dans cette campagne toutes celles et ceux qui s’y reconnaissent ». Le profil du NPA, est donc clair, regrouper celles et ceux qui sont déjà d’accord avec lui. Disons qu’en termes de profil de rassemblement, on a connu des perspectives plus ambitieuses.
Sur le programme, les choses sont formulées comme suit : « Les éléments précis et actualisés de ce programme feront l’objet d’une élaboration collective de l’ensemble du parti, travail dont la conférence nationale de juin constitue le point de départ ». On a bien lu, le point de départ. Mais alors, il y a un petit problème démocratique. En effet, les militantEs vont voter, des déléguéEs seront désignéEs mais sur quoi donc seront-ils mandatés, et que prendront-ils dans le cours de la conférence nationale comme base de travail pour définir le programme porté aux présidentielles ? Le texte « Nos réponses à la crise », majoritaire au congrès mais qualifié à l’époque par les camarades de la P2 de texte « réformiste et keynésien » ? Celui proposé par la P2 au congrès ? Un laborieux compromis entre les deux ? La logique est étrange. On constitue pour la CN un front du refus, structuré contre la possibilité de rallier le Front de gauche (comme si la question se posait !) et les déléguéEs ayant voté A se chargent du reste durant la CN… Il faudrait pourtant éviter de ne pas tenir compte du vote des militantEs (sur « Nos réponses à la crise ») et de présenter un texte a minima qui ne permet pas aux militantEs de se saisir de l’ensemble du débat. Alors que l’enjeu est substantiel et porte sur le projet même du NPA.
Marie-Do Bartoli, Guillaume Liégard
Texte C : pour une campagne anticapitaliste et révolutionnaire, donnant aux luttes une expression politique indépendante
Contrairement à ce que pourraient croire les lecteurs des deux derniers Tout est à nous !, il n’y a pas deux, mais bien trois textes pour la conférence nationale. C’est la première fois que s’expriment ici les partisans du « texte C ». La crise du capitalisme touche de plein fouet les exploités et les opprimés. Mais elle aiguise aussi leur résistance à l’austérité, au chômage et à la précarité. Les processus révolutionnaires dans les pays arabes, l’intervention impérialiste visant à les stopper, la mobilisation en Espagne, les luttes déterminées quoique dispersées en France créent une situation qui justifie pleinement la proposition de construire un NPA révolutionnaire, internationaliste et anti-impérialiste.
C’est pourquoi la discussion sur la campagne présidentielle engage davantage que la stratégie électorale. La conférence nationale doit être l’occasion d’un débat pour surmonter la crise de notre parti, clarifier les ambiguïtés permanentes qui nous paralysent et mieux définir le NPA que nous voulons.
Notre parti, pour être conséquent, doit affirmer son projet de rupture révolutionnaire avec ce système. Ce faisant, il démontrera ce qui le distingue radicalement des organisations réformistes qui ne prétendent, comme le Front de gauche, qu’humaniser le capitalisme... et en fait le cogèrent avec le PS. Il faut au contraire le renverser et s’en donner les moyens, qui n’ont rien à voir avec la « révolution par les urnes ». C’est dans et par les luttes, par l’auto-organisation, le front unique dans l’action et la démocratie ouvrière, que pourra se mener l’affrontement décisif avec les exploiteurs, tout en contrant les directions syndicales et leur collaboration de classe. Ni baguette magique ni recette schématique, la grève générale, dont le spectre a hanté cet automne, sera nécessaire pour créer un rapport de forces qui puisse contester frontalement le droit des capitalistes à sacrifier nos vies pour leurs profits. Il s’agit donc d’avancer un programme de transition partant des revendications formulées dans les luttes, en développer la logique jusqu’à poser la question du pouvoir : seul un gouvernement des travailleurs fondé sur leurs organes démocratiques d’auto-organisation, liquidant les institutions bourgeoises, pourra satisfaire ces revendications, atteignant directement le pouvoir de la classe dominante pour changer radicalement la société, vers le communisme, sans classes et sans État.
Nous n’attendons rien de ces élections qu’une occasion de populariser les luttes et d’exposer notre programme à une large échelle, d’expliquer en quoi, bien loin d’être « utopique » ou « archaïque », c’est la seule perspective réaliste à mettre en œuvre si l’on veut défendre jusqu’au bout les intérêts des travailleurs. Nous pouvons mener cette campagne en œuvrant au regroupement des anticapitalistes et révolutionnaires, à la fois avec les militants de l’avant-garde des luttes, des syndicalistes lutte de classe, et en ouvrant la discussion avec LO, tout en assumant nos réelles divergences. Sinon, le NPA se présentera seul à la présidentielle. Mais l’essentiel est de concevoir notre campagne comme un moyen de construire le parti dont l’activité principale doit se centrer dans les luttes, les entreprises, les quartiers, la jeunesse.
Daniela, Ludivine, Ludovic, Vincent, membres du CPN