Publié le Mercredi 8 juin 2011 à 20h13.

Conférence nationale du NPA sur les élections présidentielles (25 et 26 juin)

Tribunes de discussion du 9 juin

Position A : faire entendre la voix des anticapitalistes dans les luttes et les élections

Les arguments des camarades défendant la position B se font de plus en plus violents contre la position A ces dernières semaines et se résument de plus en plus à des arguments d’autorité : « attitude isolationniste », « unité des petits groupes révolutionnaristes », « cela prépare une campagne pour le moins très propagandiste, révolutionnariste, ouvriériste, abstraite... et marginale. » D'un côté, il n'y aurait que de vilains sectaires qui ne cherchent plus que l'unité des seuls révolutionnaires et de l'autre, ceux qui défendraient le projet initial du NPA. La discussion autour du positionnement de notre parti dans la séquence électorale de 2012 amène certains camarades à perdre leur sang-froid, car ils imaginent le NPA tel qu’il n’est pas et se retrouvent brutalement confrontés à cette réalité. Car le NPA, après l’appel lancé en 2007, dans son processus de fondation a été une tentative d’affirmer à une échelle de masse un parti de rupture avec le capitalisme et la gauche institutionnelle, pas un outil pour créer un bloc regroupant à la gauche du PS.

La position A ne propose pas un repli « isolationniste ». Mais nous ne pensons pas que l’objectif du NPA pour la prochaine année soit d’aider « au regroupement des forces qui s'opposeront à la politique social-libérale du PS s'il arrive à la tête de l'État », comme l’avancent les camarades de la position B. Premièrement, parce qu’actuellement, c’est la droite et Sarkozy qui sont au pouvoir, et que nous nous adressons d’abord  à tous ceux et celles qui souhaitent le combattre. Alors, avec l’UMP ou le PS en face, oui, le NPA devra continuer à « ne rien lâcher » dans la défense des intérêts du monde du travail et de la jeunesse, seul ou avec d'autres dès que c'est possible. Mais, si l'idée est de regrouper des antilibéraux et des anticapitalistes dans les élections comme en dehors, sur le seule base de la non-participation à un gouvernement avec le PS, cela ne peut qu’aboutir à un obscurcissement de notre projet. Car si le PCF ne participera peut-être pas à un gouvernement avec le PS dès 2012, cela ne l’empêche pas de combattre l’idée de la grève générale dans les mobilisations, d’être pro-nucléaire et mouillé jusqu’au cou dans les institutions du capitalisme.

Il faut bien entendu discuter et mener la confrontation avec les antilibéraux et mener avec eux des luttes sur des objectifs précis. Mais ce qui doit être l’axe central du NPA, et qui a fait son succès lors de sa fondation, c'est le dialogue direct avec les salariés, les jeunes, les chômeurs, avec la volonté de les convaincre de nos idées, de faire progresser dans la conscience de notre classe sociale la nécessité d'en finir avec le capitalisme et de bâtir une autre société. Il faudra être capable lors des prochaines confrontations sociales majeures, qui peuvent arriver très vite, d’intervenir parmi les exploités pour que ceux-ci prennent enfin leurs affaires en main : cela pèsera bien plus sûrement sur l'avenir du mouvement ouvrier organisé et sur l'émergence d'un parti de masse sur un programme réellement anticapitaliste.

Alors faisons, pour les élections de 2012, ce qui nous aidera le mieux dans cette tâche : rassemblons les  militantEs de notre parti autour d'unE candidatE  qui défendra très largement un programme de rupture anticapitaliste et portera les exigences du monde du travail, des jeunes, des précaires, bref de tous ceux et celles qui refusent aujourd'hui de payer leurs crises.

Antoine Larrache, Gaël Quirante, Sandra Demarcq, Yvan Lemaitre, Marie Hélène

Position B : l’enjeu véritable de la CN

La situation politique et sociale est déterminée par un rapport de forces dégradé. Force est de constater qu’en Europe si les crises à l’œuvre ont suscité des mobilisations de très grande ampleur, ces dernières ne se sont pas traduites sur le plan politique par un renforcement de la gauche anticapitaliste. C’est plutôt l’extrême droite qui profite de la situation. S’il ne s’agit pas de brandir le risque d’un danger fasciste, la droite populiste et l’extrême droite peuvent se révéler très utiles pour accélérer la destruction des droits sociaux et démocratiques. La crise accélère en outre l’évolution à droite de la social-démocratie, privée de toute marge de manœuvre. Tout cela crée un contexte politiquement difficile, mais non dépourvu de contradictions comme en témoigne le mouvement des « indignéEs » en Espagne.

Le projet du NPA, conçu comme un outil pour rassembler toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à accepter le système, demeure valide. À ceci près qu’il faut bien constater que beaucoup d’anticapitalistes sont passés par le NPA et en sont partis, que beaucoup d’autres n’y sont jamais venus et que le NPA a perdu de sa force d’attraction. La mobilisation pour la défense des retraites, qui a mis en mouvement des millions de salariéEs, s’est soldée par une défaite et n’a pas conduit au renforcement de notre organisation. L’évolution de la situation depuis le congrès de fondation, et notamment l’approfondissement des crises économiques, sociales et écologiques, renforce la nécessité d’une réponse politique unitaire, indépendante du PS. Le NPA ne peut prétendre être, à lui seul, le lieu de rassemblement des anticapitalistes. Mais il peut être l’outil le plus efficace pour avancer dans cette voie, pour peu qu’il s’en donne les moyens. Cela signifie se tourner vers l’extérieur, se déployer sur le terrain du mouvement de masse, être offensif sur le champ politique, sans craindre la confrontation. Nous ne pouvons contourner le champ politique et social tel qu’il est et refuser de nous doter d’une politique en prise avec la situation et ses contradictions, sauf à cultiver l’isolement comme une vertu et à se contenter d’une orientation atemporelle et propagandiste. Le NPA doit donc poursuivre de manière constante une politique sur le terrain du rassemblement. Et les enjeux vont bien au-delà des échéances de 2012.

À cette étape, le NPA doit se donner les moyens de présenter unE candidatE défendant une tel profil de rassemblement, appuyé sur un programme qui décline les réponses anticapitalistes à la crise. Et cela tout en restant disponible et favorable à une candidature unitaire issue du mouvement social, susceptible de rassembler tout ou partie des forces qui refusent de se ranger derrière le Parti socialiste et sa politique social-libérale et qui demain en cas de victoire de ce dernier – et en ce qui nous concerne nous ferons tout pour battre Sarkozy –, seront prêtes à construire une opposition de gauche à un gouvernement socialiste, sur le terrain social comme sur le terrain politique.

L’enjeu de cette conférence nationale n’est pas de trancher un débat tactique mais de doter le NPA d’une orientation unitaire conséquente dans les mobilisations et sur le terrain politique.

Léonce Aguirre, Agathe Bonfils, Catherine Faivre d’Arcier, Pierre-François Grond, Ingrid Hayes, Olivier Martin

Position C : appel de militantEs P2 à soutenir le texte C

Nous, militantEs d’orientation P2 du Var, avons été très déçuEs par le contenu du texte A.Ce texte ne dit presque rien sur l’orientation de notre campagne. Il ne s’oppose donc pas à ce qu’on se redirige vers un programme basé sur le texte « Nos réponses à la crise », avec son fameux « gouvernement au service de la population », etc. Les camarades P1 ralliés au texte A acceptent, avec les partisans du texte B (P3-P1), l’idée de faire de « Nos réponses à la crise » la base du programme.

Le texte A indique que la Conférence nationale (CN) constitue « le point de départ » de l’élaboration collective du programme. Or, il serait logique que les militantEs de base se déterminent AVANT, et non APRES la CN, sur l’orientation de notre campagne présidentielle ! Pour que le « coup d’envoi » à la campagne soit réussi, il faut envoyer des déléguéEs à la CN qui présenteront une position claire, et non le flou caractéristique du texte A. Dans un contexte de désaffection des masses à l’égard de la politique traditionnelle, et de la montée du FN, notre programme de campagne doit se distinguer clairement de celui des autres partis. Il ne doit surtout pas ressembler à une liste de promesses électorales, qui seront d’ailleurs perçues comme peu crédibles. Nous devons au contraire concentrer notre campagne sur le soutien aux luttes et sur l’idée de l’auto-organisation des masses elles-mêmes, en vue de leur propre prise de pouvoir. Si au contraire, notre parti n’apparaît par son programme que comme une version plus radicale du Front de gauche, le NPA s’effacera vite de la scène politique, faute d’avoir su présenter une véritable alternative à la politique des partis électoralistes.

Seul le texte C tente clairement d’orienter la campagne sur l’idée d’auto-organisation des masses : « les échéances électorales de 2012... seront pour nous, exploités et opprimés, un encouragement à nous organiser ». Et : « ... seul un gouvernement des travailleurs issu des luttes sur leurs organismes d’auto-organisation serait à même de prendre de telles mesures remettant en cause le pouvoir politique et économique des classes dominantes ». C’est pour ce type de programme que nous devons lutter au sein du NPA. Ce n’est qu’à travers le débat ainsi engendré que nos idées feront leur chemin, et non en cherchant à tout prix à gagner une majorité dans le parti. Ce serait une erreur de penser qu’il faudrait voter pour le texte A pour faire barrage au texte B. Si le texte B arrivait en tête sans majorité absolue, il est évident que les partisans des textes A et C s’uniraient pendant la CN pour passer une motion empêchant tout rapprochement électoral avec le Front de gauche.

Un vote prétendu « stratégique » pour le texte A au lieu du texte C aurait pour unique conséquence d’affaiblir le pôle révolutionnaire du parti, de réduire les chances d’une évolution du NPA vers nos positions, et de laisser le parti repartir à la dérive dans le flou de son orientation « majoritaire », et ce en l’absence d’une alternative révolutionnaire suffisamment forte et crédible au sein du NPA. Par conséquent : révolutionnaires du NPA, unissons-nous, et soutenons le texte C !

Tom, Michel, Arlette, Patrick L., Nicole, Patrick D., Fiorella, Patrick C., Jean-Michel S. – NPA 83