La Cour des Comptes vient de sortir un rapport. Dans sa ligne de mire les 73.000 facteurs qui distribuent le courrier dans 37,8 millions de boîtes aux lettres sur 56.000 tournées.Selon ce rapport, de nombreux facteurs sont en situation de « sous-occupation ». Il reprend la vieille chanson de La Poste : le nombre d’objets distribué baisse, donc il faut supprimer des emplois ! Le rapport recommande ainsi à la Poste de laisser au grand maximum 2 ans entre 2 réorganisations et justifie les 11000 suppressions d'emplois d'ores et déjà prévues pour 2016. Mais pendant ce temps-là, la charge de travail, elle, ne baisse pas ! Car, ce que la Cour des comptes comme La Poste ne disent pas, c'est que les objets suivis (recommandés et lettres suivies) augmentent et ont tendance à devenir plus lourds, et que justement avec le développement d’internet, les colis augmentent eux bel et bien. La Poste fait 23 milliards de chiffre d'affaires dont une majorité effectuée au courrier. L'entreprise a par ailleurs touché cette année plus de 300 millions d’euros au titre du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi attribué par le gouvernement, et dans le même temps supprimé 10 000 emplois en 2015.« La ‘’vente’’ des tournées, une tradition de nature à freiner les adaptations » nous dit le rapport.C’est l’attribution d’une tournée à un même facteur qui permet de maintenir un lien avec la population et de ne pas devenir un remplaçant à vie, chaque jour sur une tournée différente, à la merci du patron. La Cour remet également en question le «fini-parti». Mais La Poste a été épinglée par l'Inspection du travail pour travail dissimulé à plusieurs reprises. Rien n'est dit sur les heures supplémentaires gratuites effectuées par les facteurs ou le fait qu’une bonne partie des facteurs arrivent avant l'heure, ne prennent pas leur pause, effectuent leur tournée à un rythme de plus en plus accéléré sous la pression des restructurations… Pourquoi s'attaquer ainsi aux facteurs ?Pour faire oublier le débat sur la responsabilité des réorganisations incessantes et des suppressions d’emplois massives dans les suicides à La Poste et plus largement dans la dégradation de nos conditions de travail et de vie. Mais si le la Cour des Comptes et le gouvernement cherchent à ternir l'image du facteur, deuxième personnage préféré de la vie quotidienne de la population (Étude Sofres en 2012) en le faisant passer pour un fainéant, c’est dans un contexte politique marqué par une offensive contre la limitation de la durée du travail. Ce rapport à charge contre les facteurs tombe à point nommé, au même moment où, à la suite d’un autre rapport rédigé sous la direction de Robert Badinter, le gouvernement prépare une refonte du Code du Travail pour ouvrir entre autres la possibilité aux entreprises de signer des accords pour augmenter la durée hebdomadaire du travail.S’attaquer aux facteurs, c’est s’attaquer à tous les travailleurs, c’est faire passer l’idée que c’est à nous de faire des sacrifices, pas aux capitalistes qui pourtant se gavent sur notre dos.La proposition contenue dans le rapport de faire distribuer la PNA et les colis aux facteurs est bien représentative de la volonté du patronat d’alourdir la charge de travail de ceux qui ont un emploi tout en maintenant des millions d’autres au chômage. Et d’utiliser les uns pour faire pression sur les autres pour qu’ils acceptent une vie faite de bas salaires et de conditions de travail insupportables.C’est bien pour cela qu’une mobilisation nationale des postiers et de l’ensemble du monde du travail doit répondre à cette véritable provocation. Une grève nationale à La Poste aura lieu le 23 mars, il faut massivement y participer !
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