Publié le Samedi 3 mai 2014 à 22h44.

Pour un féminisme lutte de classe et unitaire !

Le conseil politique national du NPA a adopté lors de sa dernière réunion début avril une résolution d’orientation féministe, aboutissement d’un mandat donné par notre dernier congrès, certaines questions ayant été laissées en débat pour permettre à l’ensemble des militantEs de s’en saisir.

Analyser la situation d’un point de vue de genreLe texte détaille les conséquences particulières de la crise et des politiques d’austérité envers les femmes. Leurs conditions d’emploi, plus précaires que celles des hommes (temps partiels, CDD, horaires découpés…), ont constitué un amortisseur lors de la phase de licenciements massifs de 2009 qui a touché d’abord les industries avec un salariat très masculin. Mais on constate que les destructions d’emplois ont touché aussi les femmes, avec une visibilité, notamment médiatique, moins importante. Les politiques d’austérité qui visent les services publics, ont des conséquences pour les femmes en tant qu’usagères (santé, petite enfance, centres IVG…) et en tant que genre majoritaire dans les fonctions publiques, en particulier dans les catégories les moins payées.

Féministe et lutte de classeLe NPA s’inscrit dans le courant féministe lutte de classe. Il s’agit pour nous d’analyser les interactions entre le capitalisme et le patriarcat pour mieux les combattre. Notre préoccupation est d’intégrer la dimension féministe à notre combat de classe et de ne pas perdre notre boussole de classe dans les combats féministes. Cela se traduit en termes de revendications : nous cherchons partout à mettre en avant des revendications qui permettraient d’améliorer les conditions de vie et de travail des femmes, tout en unifiant notre camp social. Par exemple, la revendication de réduction massive du temps de travail pour toutes et tous sans diminution de salaire et avec embauches correspondantes permettrait de réduire massivement le chômage et d’augmenter les revenus en particulier des femmes, mais aussi d’avancer vers un partage plus équitable les tâches domestiques. Nous comprenons aussi que les luttes des femmes ne se limitent pas aux questions syndicales, et nous mettons en avant les questions de l’IVG ou des violences.

Radicale et unitaire !Malheureusement, le mouvement féministe, qui pourrait porter ces revendications, n’échappe pas à la conjoncture actuelle : affaibli, divisé, il ne trouve que peu de mobilisations pour se ressourcer. Face à cette situation, il est primordial d’avancer des revendications unifiantes : de solidarité internationale, contre la fermeture des centres IVG ou des maternités, contre les politiques d’austérité,… En ce sens le succès de la manifestation du 1er février en solidarité avec les femmes d’Espagne, en défense de l’IVG là-bas et ici, est un véritable encouragement.

Voile, prostitution… Prendre position dans des débats complexesLes débats sur le voile et la prostitution ont divisé aussi le NPA. Les orientations qui se dégagent majoritairement doivent permettre à notre organisation d’intervenir et d’avoir des positions plus claires. Sur la question du voile, nous dénonçons toute approche réactionnaire, patriarcale, misogyne, homophobe et raciste, qu’elle soit légitimée par des discours religieux ou non, et nous refusons toutes les mesures racistes et discriminatoires. Nous revendiquons l’abrogation ou l’abandon de toutes les lois, circulaires, et projets de lois de stigmatisation et d’exclusion des femmes voilées. Sur la prostitution, il y a un très large accord sur l’ensemble des mesures sociales qui permettraient de s’attaquer réellement aux bases matérielles de la prostitution. Quant à la question particulière de la pénalisation des clients des prostituées, nous estimons que celle-ci aurait des conséquences défavorables sur les personnes prostituées ; nous y sommes donc opposéEs. L’adoption de cette résolution est une réelle avancée pour nous. Si les débats n’ont pas autant irrigué les comités que nous l’aurions souhaité, ce texte donne de la visibilité à notre orientation féministe et a permis d’avancer sur ces questions.

La Commission nationale d’intervention féministe