Publié le Vendredi 22 avril 2016 à 15h50.

Claude Jacquin-Gabriel : internationaliste jusqu’au bout

Nous avons connu Claude Jacquin sous son nom de plume, Claude Gabriel. Né le 21 mai 1947, il s’est éteint dans la nuit du 16 au 17 avril.

Depuis une décennie, il était atteint d’un cancer incurable. Le mal le réduisait parfois au silence, mais dès que possible, il reprenait le fil de ses engagements, continuant à faciliter les relations militantes entre l’Afrique du Sud et la France, analysant l’actualité, menant un débat tenace pour que la gauche radicale intègre les réalités présentes. Jamais, avant la toute fin, la maladie n’a pu le forcer à l’abandon.

Membre de la Ligue communiste révolutionnaire, il a intégré dans les années 1980-1990 la direction de la Quatrième Internationale. Il est resté dans nos mémoires avant tout pour sa solidarité envers le peuple kanak, les liens qu’il a tissés en Afrique subsaharienne et dans le lancement de la publication Afrique en lutte. Il a également suivi le travail jeune et les activités des sections de la QI en Europe occidentale, ainsi que contribué aux sessions de formation organisées à l’Institut d’Amsterdam (IIRE).

Claude fait partie des membres de notre génération qui ont maintenu leurs engagements initiaux, tout en cherchant sans cesse à repenser les conditions changeantes de l’action. Sans perdre des yeux l’Afrique, il s’est « recentré » sur la France et l’Europe en intégrant le Groupe Apex-Isast, offrant une expertise aux comités d’entreprises. Son activité professionnelle lui a permis d’acquérir une connaissance en profondeur des évolutions de nos sociétés, et notamment du tissu industriel à l’heure de la mondialisation. Il avait pour constant soucis de faire partager cette connaissance avec des courants radicaux investis sur le terrain syndical, discutant mots d’ordre et perspectives.

Claude a participé à la fondation du NPA, puis l’a quitté avec la Gauche anticapitaliste quand celle-ci a rejoint le Front de gauche. Toujours « quartiste », il était membre d’Ensemble !, la « troisième composante » du FdG.

Au cours de sa vie militante, Claude a noué des liens politiques et personnels très forts, comme en témoigne d’Afrique du Sud Mercia et Brian qui le connaissaient depuis 34 ans : « Il a tant donné sans rien attendre pour lui même. Il voulait seulement aider ». Il était devenu un « tisseur de liens », mettant en contact solidaire mouvements et personnes.

Nous nous étions au fil des années un peu perdus de vue, et quand nous avons renoué, c’était d’emblée en amis. Il était déjà malade. Il combattait toujours.

L’annonce de son décès à immédiatement suscité des manifestations de solidarité et de tristesse en provenance d’Afrique du Sud, du Sénégal, d’Australie, de Pologne, d’Italie, d’Espagne, du Pays basque, du Portugal, de Suisse, de Belgique… Claude était un internationaliste. L’hommage à sa personne et à son engagement ne peut qu’être international.

Pierre Rousset