Publié le Lundi 17 février 2014 à 07h41.

Les Nôtres : Pierre Vautier (1949-2014)

Le rock et la lutte à pleines dents… Pierre est décédé mardi 28 janvier des suites d’un cancer.

Il avait commencé à travailler à 15 ans. En 2004, il était parti en préretraite, faisant valoir ses « droits » : sa dose d’amiante inhalée. Les années précédentes, il avait migré de chantier en chantier, à la construction de frégates à Lorient, du « Charles-de-Gaulle » à Brest, de paquebots à Saint-Nazaire, de navires de toutes sortes aux Ateliers et chantiers du Havre (ACH), qu’il avait vu fermer. Ce parcours de « nomade de la navale », sous ce statut d’intérimaire qu’il réprouvait tant, fut la « punition », longue de vingt ans, de son engagement auparavant à la tête des travailleurs de l’UIE. Entre 1973 et 1985, sur le front de mer de Cherbourg, ces jeunes ouvriers édifiaient, dans des conditions dantesques, des plateformes de forage et d’exploitation pétrolière offshore.Les luttes homériques dont le terre-plein des Mielles fut alors le théâtre sont encore là-bas dans toutes les mémoires. On se souvient de cette course à l’échalote par laquelle un huissier de justice, venu constater aux portes une « entrave à la liberté du travail », fut reconduit en ville par le piquet de grève.

Pierrot, tuyauteur de son métier, délégué CGT jamais à court d’audaces, était un orateur hors pair. En plus il était drôle ; En plus il était beau. C’est la musique rock, disait-il, mi-rire mi-sérieux, qui l’avait « amené à la révolution » et à rejoindre alors la LCR.

À la fin d’un entretien captivant donné en 2012 au journaliste Gilles Collas (1), il disait sa fatigue : « Aujourd’hui, je ne suis plus nulle part ; j’en ai assez vu, assez entendu. Il arrive un moment, quand on défend des idées, on n’y croit plus. » Mais il s’était réjoui de la candidature de Philippe Poutou, et notre presse était toujours la sienne.Au funérarium du Nord-Cotentin, Annabelle, la benjamine, pour elle et ses frères Franck et Eddie, avec un allant digne de leur père, le remerciera pour les valeurs qu’il leur avait transmises. Nos sincères amitiés à eux et à Claudine, sa compagne.

Ses camarades

1 – http://uneimagejuste.blogspot.fr/2012/11/luttes-ouvrieres-les-souvenirs-de.html