Publié le Lundi 17 octobre 2011 à 11h09.

Parrainages, mode d’emploi

Notre camarade Jean-Paul Valette, spécialiste des obtentions de signatures auprès des maires pour les présidentielles, nous fait part de son expérience sur les routes.Il y a-t-il une méthode particulière pour obtenir un parrainage ?C’est avant tout beaucoup de boulot, 7 000 km et 7 000 coups de fil pour 24 signatures à l’arrivée en 2006/2007 (400 maires vus ou contactés). Mon approche orale ou par courrier (que je laisse en cas d’absence) est toujours à peu près la même : « je te laisse le courrier de Philippe Poutou et Olivier Besancenot et le préformulaire de signature que tu peux m’envoyer signé à Sarlat, comme tu le sais, un parrainage n’est pas un soutien politique mais un geste démocratique pour offrir un choix correct aux électeurs ; la loi vous donne en effet le droit et le devoir d’assurer la présence au premier tour de tous les courants politiques significatifs (Olivier était le deuxième à gauche derrière Ségolène en 2007) ; je compte sur toi ; je te recontacterai... ».Des choses à ne surtout ne pas faire ?Éviter le téléphone pour un premier contact, rien ne vaut le contact direct en mairie ou au domicile du maire.Quel est le lieu où tu « tournes » et comment arrives-tu à obtenir autant de signatures ?Je « prospecte » en priorité dans le grand Sarladais près de chez moi sur le tiers sud-est du département de la Dordogne où je connais déjà, pour des tas de raisons, beaucoup de maires que je tutoie d’ailleurs pour la plupart (même quand je ne les connais pas ou peu). En temps que vieux militant politique, associatif, syndical et prof retraité, je les considère (et c’est réciproque) comme des collègues de « service public » que j’ai pu rencontrer dans les manifs « retraites » ou « gaz de schiste » où pour les sénatoriales en 2008 à la préfecture où j’ai participé comme conseiller municipal de Sarlat à l’éjection du dernier sénateur UMP.Y a-t-il un profil type de maire qui donne sa signature ?Avant tout, des maires plutôt divers gauche de petites communes, paysans (il y en a de moins en moins), artisans ou salariés de condition modeste qui ont, même s’ils ne nous soutiennent pas, de la sympathie pour notre engagement anticapitaliste. Statistiquement les femmes signent plus volontiers que les hommes, plus courageuses peut-être. Ne surtout pas négliger les maires délégués des communes associées.Y a-t-il des réponses redondantes autant dans les refus que pour ceux qui acceptent ?« Je ne signe pour personne » ou « mon conseil ne serait pas d’accord » (je me suis proposé plusieurs fois de venir expliquer la démarche au prochain conseil). La peur d’un 21 avril était forte en 2006, moins présente en 2011 même si des maires de gauche ne nous trouvent pas assez clairs sur le deuxième tour. Un maire qui avait signé en 2002 puis refusé en 2007 (« Besancenot il déconne ») a accepté cette fois (« c’est un ouvrier il faut l’aider le petit »).Combien de fois passes-tu voir un maire avant d’obtenir une signature ?Il faut déjà parfois passer plusieurs fois avant de voir le maire mais le plus souvent ils signent dès la première rencontre. Parfois c’est au bout de la troisième ou quatrième rencontre pour ceux qui veulent voir comment se développe l’offre politique. Pour certains maires, entre les visites et les coups de fil au domicile ou en mairie, on arrive assez vite à une quinzaine de « contacts », d’où l’intérêt d’obtenir le numéro de portable dès que c’est possible.As-tu des anecdotes particulières sur la question des parrainages ?Oui, des tas : par exemple j’attendais un maire à sa ferme quand sa femme a vu sur la colline d’en face les vaches échappées de l’enclos entrer dans le champ de blé ; je lui ai proposé de l’emmener avec ma voiture remettre de l’ordre chez ces effrontées, je vous raconte pas la tête de l’élu me voyant partir avec sa femme quand je l’ai croisé sur la petite route descendant de la ferme...Toi qui as fait plusieurs campagnes de signatures, sont-elles toutes différentes ? Est-ce plus dur aujourd’hui ?Je pense que la plupart des maires ont intégré leur responsabilité d’assurer la présence de tous les courants politiques. À l’été 2001, j’avais obtenue 40 promesses en six semaines pour l’inconnu Besancenot, en particulier auprès des nouveaux maires élus en 2001. Les nouveaux de 2008 sont sans doute aussi un peu plus réceptifs et comme je l’ai déjà dit, la crainte d’un 21 avril s’est estompée. Le plus dur c’est de partir... et puis la campagne est belle à toutes les saisons et le GPS ça aide bien parfois, même si ça ne marche pas toujours...

Propos recueillis par Thibault Blondin