Publié le Samedi 17 octobre 2015 à 22h34.

Leurs comptes... et les nôtres

Épisode 1 : riwaldise et jeannerie. Riwaldise (n.f.) : du nom de la société de communication, Riwal. Jeannerie (n.f.) : du nom du micro-parti de Marine le Pen, Jeanne...

La première est fondée en 1995 dans la foulée des municipales où le FN gagne ses trois premières villes. Elle est dirigée par un ancien du GUD. Le second est créée en 2010, alors que Marine Le Pen s’apprête à prendre le pouvoir au sein du FN. C’est que le père a lui aussi sa boutique (Cotelec) et qu’il n’en cédera rien. Riwaldise et jeannerie sont tous deux synonymes d’arnaque, au même titre que bygmalionage par exemple (nous y reviendrons dans un prochain épisode). Mais ils peuvent, et doivent même, s’employer de concert. Voyez plutôt.

Du candidat

Prenez un candidat aux législatives de 2012. Si l’animal veut se présenter sous les couleurs du FN, il devra obligatoirement acheter un « kit de campagne » à Jeanne, qui l’a lui-même acheté à Riwal. Premier problème : il est illégal de conditionner l’investiture d’un candidat à un quelconque achat. Second problème : il est tout aussi illégal de forcer ledit candidat à l’achat, en signant un contrat à sa place par exemple. Or, c’est bien ce dont le micro-parti se serait rendu coupable : imposition systématique du « kit de campagne », parfois par des méthodes frauduleuse. Ça commence bien. Mais ce n’est pas tout.

Prenez le même candidat. Le pauvre bougre est désargenté. Aucun problème, Jeanne lui propose un prêt avec intérêts pour qu’il lui achète le fameux « kit de campagne ». Troisième problème : il est interdit pour un parti de prêter de l’argent avec intérêts sur la base de ses fonds propres. Quatrième problème : avec un taux à 5,5 %, ces intérêts sont bien supérieurs à ceux pratiqués par les banques. Ça continue. Et ce n’est pas fini.

De son kit de campagne

Prenez maintenant le fameux « kit de campagne ». Pour 16  650 euros, il se compose d’un matériel clé en main et formaté : affiches, tracts et site internet. Cinquième problème : il est clairement surfacturé, voire basé sur des fausses factures. Ça dure. Tenez bon.

Reprenez toujours le même candidat. L’apprenti voit finalement son score dépasser les 5 %. L’État lui rembourse ses dépenses de campagne, dont le dispendieux kit et surtout les intérêts de son achat à crédit qui ont été camouflés (pratique illégale, sixième problème). L’argent va d’abord de l’État sur le compte du candidat. Puis le candidat rembourse Jeanne du montant du kit avec les intérêts. Puis Jeanne rembourse Riwal du prix du kit... en gardant au passage les intérêts.

De notre financement

Et voilà comment l’État engraisse une société surfacturant des kits de campagne, et un micro-parti s’érigeant en intermédiaire prêteur aux taux usuraires. Ladite société en retire une marge hors norme sur l’exercice 2012, pour le plus grand bonheur de ses dirigeants mais aussi du FN et de Jeanne, pour le compte desquels elle magouille : prestations plus ou moins fictives et/ou surfacturées, prêts sans intérêts sous la forme de dettes non réclamées... De son côté, ledit micro-parti en retire des fonds substantiels pour constituer une cagnotte, en particulier en vue de l’élection présidentielle de 2017.

Le NPA, quant à lui, ne vit pas sur le dos de l’État et n’a aucun « kit de campagne » à vendre, même pour la transformation révolutionnaire de la société. Il vit des cotisations de ses membres et des dons de ses sympathisantEs. Le gage financier de notre indépendance politique.

Sylvain Madison

Pour nous aider : www.npa2009.org/souscrip…