Épisode 3.2 : URBAnisme (suite). Le cynisme n’ayant par définition aucune limite, le « système URBA » fut parfois présenté comme une manière de centraliser, rationaliser et « moraliser » le financement des partis...
Il s’agissait de créer un système homogène sur l’ensemble du territoire, fonctionnant avec un petit nombre de sociétés par lesquelles transitaient les fonds occultes. De la sorte, tout pouvait être contrôlé et tracé par le parti sans multiplier les intermédiaires et circuits. Certains iront même jusqu’à parler non pas d’un « racket » des entreprises mais d’un impôt (révolutionnaire ?) sur les vilains capitalistes. On peut rire de toute cela... ou pas.
Car si le système rendait (d’une certaine manière) l’enrichissement personnel plus difficile, elle ne l’empêchait pas. Dès lors qu’un système de fausses factures et de corruption est mis en place autour des marché publics dans les collectivités locales, dès lors qu’il faut convaincre tous les intervenants de la nécessité du système et de l’intérêt de chacun dans celui-ci, tout devient possible... À mesure que la corruption devient systémique, elle investit tous les rapports sociaux et ne peut être centralisée (par définition). Cela quand bien même l’argent versé aux « bureaux d’études » tels que URBA servaient à faire (bien) vivre la société, et servait aussi au PS pour mener ses dispendieuses campagnes.
Ce système était quoiqu’il en soit une manière bien peu démocratique de financer non pas la « vie publique » mais le seul Parti socialiste, un parti institutionnel très riche, de surcroît à l’époque tenancier du pouvoir. Robin des bois, que l’on sache, reversait aux pauvres. La ponction des entreprises via les marchés publics, outre qu’elle ne les mettait pas sur la paille et qu’il s’agissait simplement d’une corruption connue et récurrente (donc prévue par ces grands groupes et finalement assez logique dans le cadre des liens organiques entre la bourgeoisie et son personnel politique), n’atterrissait ni dans les caisses de l’État, et encore moins dans celle des petits partis...
L’improbable manœuvre : l’amnistie
Le sommet du cynisme fut atteint quand, sous pression des révélations et de la justice, le gouvernement socialiste tenta rien de moins de que de faire voter une amnistie ! Après un premier échec début décembre 1989, et dans des conditions pour le moins pitoyables, l’Assemblée nationale finit par voter le 22 décembre 1989 un texte amnistiant toute personne ayant commis des infractions liées au financement des partis. Les députés auront beau s’exclure de l’amnistie pour ne pas apparaître comme taillant une loi sur mesure, l’improbable manœuvre fut accomplie.
L’affaire URBA fut néanmoins le déclencheur d’un lent et contradictoire processus (encore en cours) d’encadrement du financement des partis politiques et campagnes électorales, faisant de la France un pays bien plus vertueux (c’est dire...) que ceux construits sur le modèle américain. Car si les magouilles en tout genre continuent, elles deviennent du plus en plus dur es à cacher, surtout quand la « politisation » du Conseil constitutionnel, elle aussi lente et contradictoire, empêche de plus en plus la mise sous le boisseau des affaires. La bourgeoisie se tire dans les pattes. Le silence assumé par la « vénérable instance des sages » sur les comptes pourris de Balladur et Chirac en 95 est aujourd’hui difficile à imaginer, plus encore après l’affaire Bygmalion.
Et loin de tout cela, le NPA continue sa souscription 2015, garantie de son indépendance politique et financière...
Sylvain Madison
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