Publié le Vendredi 17 juillet 2015 à 08h43.

Les nôtres : Didier Poupardin

Vendredi 10 juillet, il y avait beaucoup de monde à l’enterrement de notre camarade Didier, décédé subitement d’une crise cardiaque le 5 juillet. À l’image d’une de ses premières patientes très âgée, prouvant qu’on peut habiter un quartier populaire déshérité de Vitry-sur-Seine (94) et être bien soignée, jusqu’au maire PCF venu lui rendre hommage.

Avec sa compagne Danièle, elle aussi médecin, Didier vint ouvrir un cabinet en 1977 dans cette commune où le PCF était alors hégémonique, dans un quartier proche de deux foyers de travailleurs africains qui allaient devenir des patients assidus.

Nous n’étions pas loin de « l’affaire du bulldozer de Vitry » qui avait vu le maire de l’époque ordonner la démolition d’un foyer de travailleurs maliens. Didier développa un travail anti­raciste, au sein du MRAP dont il devint un dirigeant départemental puis national, dans le soutien aux sans-papiers, aux Roms qu’il vint encore défendre en février dernier, faisant plusieurs jours de suite le trajet de Paris à Ivry à pied à 5 h du matin...

Étudiant en médecine, il avait rejoint la Ligue communiste en 1969, puis le NPA dont il s’était un peu éloigné ces derniers mois. Il faisait de la politique de façon très moderne, ne séparant pas son activité professionnelle de ses engagements. Son lieu d’engagement principal était la médecine de quartier, une médecine défendant la gratuité pour les plus démunis.

Didier participait activement aux débats sur la santé, contre les attaques marchandes, contre le découpage du corps. Ainsi son combat contre les ordonnances bizones. Dès leur création en 1987, Didier refusa d’inscrire les médicaments dans la partie moins remboursée. En 2009, la CPAM94 le mit au tribunal. Didier fut soutenu par toute la gauche du département, mais condamné en 2012. Pour ce combat, il témoigna en 2010 sur le plateau des Glières (à écouter sur le site du CRHA, l’association Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui).

Résistant il le fut toute sa vie, déplorant que ce qui lui semblait si naturel (et il adorait la nature) ne fut pas autant suivi, à l’image de son cabinet militant qui ne trouva pas de successeur à sa retraite en 2011. Didier laisse un grand vide. Le NPA s’associe à la douleur de ses proches. Une grande figure disparaît.

Joël