Publié le Samedi 14 avril 2012 à 20h03.

Tribune de la Gauche anticapitaliste. Mortelle austérité

Le 4 avril, Dimitris Kristoulas, retraité de 77 ans, s’est tiré une balle dans la tête, sur la place Syntagma, pour ne pas laisser de dettes à ses enfants et parce que la politique menée par le gouvernement grec ne lui permettait plus de vivre. Alors que le taux de suicides en Grèce était l’un des plus faibles d’Europe, il a augmenté de 40 % dans les six premiers mois de 2011.

Depuis deux ans, les différents mémorandums, la politique de la Troïka, le gouvernement grec saignent la population à blanc. Les salaires, les pensions ont déjà diminué de 20, 50, voire 60 %, le chômage explose, les hôpitaux manquent de médicaments, les écoliers n’ont pas de manuels pour étudier et la malnutrition fait son apparition... Et ce n’est pas fini ! La Troïka ne se satisfait pas de la situation et demande de nouveaux sacrifices, de nouvelles baisses des salaires et des pensions.

Pourtant les Grecs résistent. En deux ans, c’est une douzaine de grèves générales qui ont secoué le pays. À plusieurs reprises, les IndignéEs grecs ont investi la place Syntagma.

En Grèce, le système capitaliste montre son vrai visage, celui de l’exploitation et de la répression. Il montre également que face aux exigences du profit, les gouvernants bafouent la démocratie.

Le gouvernement Papademos qui a remplacé celui de Papandreou sans la moindre élection, gouvernement d’union nationale, avec en son sein le parti d’extrême droite, le Laos, est totalement discrédité. La population se tourne aujourd’hui vers la gauche radicale qui recueillerait près de 40 % d’intentions de vote pour les législatives qui pourraient se tenir début mai. Mais, malheureusement, celle-ci reste divisée et est incapable d’offrir une alternative. Et comme souvent, la politique ayant horreur du vide, ce sont les vrais fascistes qui émergent aujourd’hui, avec près de 5 % d’intentions de vote pour l’Aube dorée, un groupuscule néonazi qui n’hésite pas à organiser des attaques contre les immigrés.

La situation de la Grèce, si elle est particulièrement dramatique n’est pas isolée. Le pays est un laboratoire des politiques libérales et le même traitement est promis pour la suite aux peuples portugais ou espagnol... Croyons-nous vraiment que la France sera épargnée ? La trêve électorale va bientôt s’achever et l’austérité, de droite ou de gauche, nous frappera de plein fouet dans les mois qui vont venir.

Déjà, la pauvreté gagne, les entreprises ferment, le mal-logement se répand. Dans cette situation, il est plus que nécessaire de construire un large mouvement de résistance à la gauche du PS. Non pas un front unique ponctuel pour organiser une « marche pour l’emploi », mais une vraie alternative qui renverserait l’ordre des priorités entre l’économie et la population. Quoi qu’on en pense, l’espoir est aujourd’hui du côté du Front de Gauche et c’est bien ce que traduit l’affluence par dizaines de milliers aux meetings de Mélenchon, le ralliement aussi bien des jeunes, des sans-papiers, des syndicalistes... C’est dans ce cadre et avec la perspective de constituer un bloc antiaustérité utile et efficace que nous devons nous rassembler avec tous ceux qui refusent la politique de la rigueur, en toute indépendance du PS. Mais parce que nous pensons que c’est le système tout entier qu’il faut changer, nous voulons également regrouper les anticapitalistes pour défendre ensemble nos idées internationalistes, éco­socialistes, féministes, antiracistes...

C’est la tâche à laquelle devraient s’atteler tous les anticapitalistes au lendemain de l’élection présidentielle. C’est ce que nous, Gauche anticapitaliste, proposons pour l’ensemble du NPA, ce que nous défendrons lors d’une conférence nationale décisionnelle fin juin - si elle a lieu ! - et ce que nous ferons avec toutes les forces politiques, les militantEs du mouvement social qui sont prêtEs à mener ce combat.

www.gauche-anticapitaliste.org