Publié le Samedi 5 juin 2021 à 08h00.

Ni oubli ni pardon

Il y a huit ans, le 5 juin 2013, Clément Méric, militant antifasciste et syndical, était assassiné par des nervis d’extrême droite, membres du groupuscule Troisième Voie. Cinq ans plus tard, en septembre 2018, le procès de ses assassins se tenait enfin, au terme duquel Esteban Morillo et Samuel Dufour avaient été reconnus coupables de « violences volontaires avec armes et en réunion ayant entraîné la mort de Clément Méric », et condamnés respectivement à 11 et 7 ans de prison. Les deux néonazis ont fait appel, et le procès se tient du 25 mai au 4 juin à Évry.

« Les forces fascistes contre lesquelles luttait Clément ne cessent de progresser »

C’est donc dans le contexte de ce procès que se tiendront les manifestations annuelles en hommage à Clément Méric le samedi 5 juin. Un procès durant lequel, comme le raconte notamment le site La Horde, les accusés jouent les victimes, tentent de banaliser la nature de leurs engagements dans un groupe d’extrême droite violent, et essaient même de rejeter la faute sur les anti­fascistes et donc sur Clément Méric lui-même. Immonde.

La mobilisation du 5 juin se tiendra aussi, plus globalement, dans un contexte de progression des forces et des idées d’extrême droite, en France comme dans le reste des grands pays capitalistes « développés », avec des participations gouvernementales de forces fascisantes, voire fascistes, et une reprise de plus en plus forte du programme raciste et réactionnaire des courants d’extrême droite. La situation internationale est ainsi marquée par un renforcement des logiques autoritaires et des politiques discriminatoires au sein des démocraties parlementaires, et par un approfondissement de la crise économique, dont les tragiques conséquences servent de carburant aux courants d’extrême droite, toujours prompts à monter les victimes du capitalisme les unes contre les autres. 

Comme le rappelle l’appel unitaire à la mobilisation du 5 juin : « 8 ans après sa mort, les forces fascistes contre lesquelles luttait Clément ne cessent de progresser. En plus de l’essor électoral du Rassemblement national, on a pu observer non seulement la persistance des violences perpétrées par des groupes d’extrême droite, mais aussi la circulation de leurs idées, des plateaux télé jusqu’au plus haut sommet de l’État. Depuis 8 ans, on a vu la chasse aux migrantEs s’intensifier, le racisme institutionnel et en particulier l’islamophobie gagner en légitimité et en intensité dans toutes les sphères de la société. On a vu le complotisme se développer et les actes antisémites augmenter. On a vu les violences policières s’étendre, tandis que des politiques néolibérales frappent de plein fouet les plus démunis. Les mouvements sociaux de ces dernières années ont été largement réprimés, cette répression s’étendant à celles et ceux qui luttent contre les idées réactionnaires, qu’ils et elles soient antifascistes, syndicalistes ou militantEs LGBTQIA+. »

No pasarán ! 

Nous étions parmi les milliers qui scandaient, lors des manifestations consécutives à la mort de Clément, « Ni oubli ni pardon ». Non, nous n’avons pas oublié. Non, nous n’avons pas pardonné. Nous réitérons notre soutien à la famille, aux amiEs et aux camarades de Clément, et participerons aux différentes initiatives organisées à l’occasion du procès. Et au-delà, nous n’oublions pas ceux qui, par leurs politiques antisociales, par l’adoption de la rhétorique et des propositions de l’extrême droite, par leur complaisance à l’égard des courants réactionnaires, ont favorisé, et favorisent encore le regain d’influence et de confiance de la bête immonde. 

Pour citer, là encore, l’appel unitaire : « Bien qu’il soit nécessaire que la justice reconnaisse la responsabilité des militants de l’organisation néonazie Troisième Voie qui s’en sont pris à Clément et à ses amis ce 5 juin 2013, cela ne saurait suffire car, par-delà la question judiciaire, il est impératif d’organiser une mobilisation politique et de replacer le meurtre de Clément sur le plan politique : la montée en puissance de l’extrême droite et de ses violences dans le monde. »

Ne rien lâcher face à l’extrême droite. Lutter sans relâche contre le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie. Accueillir les migrantEs, touTEs les migrantEs. Défendre une liberté de circulation et d’installation inconditionnelles. Se battre contre l’homophobie, le sexisme, pour une réelle égalité des droits. Refuser le fatalisme et la résignation. Défendre, encore et toujours, la perspective d’un autre monde, débarrassé de l’exploitation et des oppressions. À la mémoire de Clément, et de touTEs les autres. No pasarán !