Publié le Vendredi 16 décembre 2022 à 12h00.

Vers un État autoritaire ?

Un État autoritaire en devenir se définit notamment par la prédominance de l’exécutif sur les pouvoirs législatif et judiciaire, la remise en cause drastique des libertés et des droits fondamentaux, la montée en puissance de la police.

L’expérimentation s’applique souvent contre les étrangerEs avant de se généraliser à l’ensemble de la société et tout particulièrement à ceux et celles de notre classe.

Le mépris du législatif

La lettre d’instruction du ministre de l’Intérieur, « sans attendre les dispositifs de la prochaine loi », donne concrètement l’ordre aux préfets d’appliquer un projet de loi, lequel par définition n’est pas encore voté ! Illégal, mais peu importe au ministre de l’Intérieur qui sait que, quel que soit le devenir de ce projet de loi, ses dispositifs s’appliqueront. Non seulement, ils vont pourrir encore plus la vie de milliers de personnes, mais ils donnent un énorme coup de canif dans la séparation des pouvoirs, signe fort d’un régime dit démocratique, en contournant le pouvoir du Parlement.

La justice n’est pas mieux traitée !

En supprimant pour les déboutés de l’asile la quasi-totalité des recours devant la justice — censée sanctionner les abus administratifs —, en les assignant à résidence ou en centre de rétention administrative, en les fichant systématiquement au FPR, les préfets ont le pouvoir de criminaliser collectivement une partie de la population et d’appliquer une peine systématique.

Pleins pouvoirs à la police

Il n’y a pas d’État autoritaire sans police au-dessus des lois, forte, surarmée. La présomption de légitime défense pour les policiers est toujours en vigueur, leurs conditions de tir quasi alignées sur celles des militaires. Une nouvelle police est créée : « la police du séjour ». Qui s’ajoute à toutes les polices spécifiques, depuis les CRS jusqu’à la police des transports tellement redoutée par les personnes exilées. Enfin, le seul corps d’État dont le budget augmente d’année en année est celui de la police.