Les caisses de Sécurité sociale de l’alimentation seront amenées à investir pour développer la filière.
Dans le système capitaliste, l’investissement se fait par l’emprunt, le recours aux banques et aux marchés financiers. Par le système de la dette, les capitalistes, les « apporteurs de capitaux », les « investisseurs » abusivement dénommés « entrepreneurs » dirigent les choix d’investissement et les choix de productions. Les politiques publiques actuelles sont toutes soumises aux dogmes du néolibéralisme productiviste.
Une nouvelle cotisation sociale « alimentation »
Il existe des pratiques d’investissement qui permettent de se passer du crédit lucratif et de l’actionnariat, notamment au niveau communal, mais c’est absolument marginal.
Par contre, l’expérience de l’investissement massif – via le régime général – dans l’hôpital entre 1946 et 1983 prouve, ici à un niveau macro-économique, qu’on peut faire sans emprunt bancaire, par subventionnement. Cela devrait être l’enjeu actuel des luttes sur le terrain sanitaire.
C’est la piste la plus solide pour le projet de Sécurité sociale de l’alimentation, plus solide que l’investissement par l’impôt, lequel impôt n’est pas du salaire socialisé mais une ponction de la valeur créée qui intervient après la répartition entre le travail (salaire et cotisations encore appelées salaire socialisé ou bien salaire indirect) et capital (profits, dividendes). Or, l’impôt qui intervient lors de la répartition secondaire laisse subsister une légitimité au profit, au capital, aux capitalistes…
C’est pourquoi nous choisissons l’investissement par le subventionnement via les nouvelles caisses de la Sécurité sociale de l’alimentation, elles-mêmes abondées par la nouvelle cotisation sociale « alimentation ».
Favoriser l’installation en agriculture paysanne et biologique
La lutte pour la nouvelle Sécurité sociale de l’alimentation sera alors le vecteur essentiel pour engager l’immense bouleversement qui s’impose d’urgence. L’objectif étant alors de verser les subventions d’investissement aux entreprises ayant vocation à être conventionnées, qu’il s’agisse de création d’entreprises ou de la transformation d’entreprises déjà existantes. Ces subventions alors obtenues sont le moyen par lequel ces entreprises pourront se dégager de l’endettement, cause principale de la soumission aux orientations capitalistes, intrinsèquement productivistes.
Avoir la main sur l’investissement, c’est aussi favoriser l’accès de toutes et tous à la création d’entreprises. Les subventions versées par les caisses de Sécurité sociale de l’alimentation permettront à de nouveaux collectifs de s’installer dans le respect des critères établis pour obtenir le conventionnement. Le versement de subventions d’investissement permettra aussi à des entreprises déjà existantes de faire évoluer leurs pratiques dans le but d’être conventionnées.
Ainsi un très grand nombre de personnes pourront s’installer en agriculture paysanne et biologique et intégrer des collectifs de travail autogérés (fermes, ateliers de transformation, épiceries, etc.) en ayant la garantie du salaire et dans le cadre d’une filière alimentaire débarrassée des objectifs lucratifs qui prédominent actuellement. Dans cette dynamique, un mouvement de population avec installation en milieu rural pourra s’amorcer.
Ainsi, l’ensemble de la population pourra accéder à une alimentation conventionnée, de qualité, via une allocation mensuelle et l’instauration d’un service de restauration collective gratuit.