Dans un contexte d’hypocrisie et d’inefficacité des pays impérialistes (dont la France) pour répondre aux urgences climatiques, se développent des résistances anticapitalistes pour le vivant sur les cinq continents.
En Inde, le mouvement paysan lutte depuis l’été dernier pour l’abrogation de lois libéralisant l’activité au profit du secteur agro-industriel et au détriment de pratiques traditionnelles et alternatives1.
En Amérique du Sud, la cosmoécologie indigène se trouve à la pointe des luttes écosociales contre les multinationales, sans parvenir à infléchir l’idéologie extractiviste pour le moment. Et ce même quand des gouvernements « progressistes » parviennent au pouvoir. L’interdépendance des États à rentes pétrolières a mis fin à l’initiative publique du gouvernement équatorien de Rafael Correa Yasuní-ITT consistant à laisser le pétrole sous terre. La diversité humaine et biologique est également combattue par l’actuel président brésilien, dont la politique économique ultralibérale conjugue exploitation irresponsable du poumon planétaire (la forêt amazonienne) et racisme décomplexé à l’encontre des populations indigènes et marrons : les grands travaux d’équipement, l’extraction minière et le foncier urbain rendent indésirables les habitantEs de ces lieux.
Une nouvelle génération
En Afrique subsaharienne, l’environnement est malmené par l’emprise néocoloniale extractiviste, en particulier des anciennes puissances comme la France… mais aussi de pays « émergents » issus du continent comme l’Afrique du Sud, et par la corruption et la connivence des gouvernements locaux. Les résistances écoféministes et des jeunes pour le climat sont exemplaires dans ce contexte.
En Europe, les frustrations liées aux COP des années 2000 ont conduit à la fondation de nouvelles organisations : Ende Gelände (Allemagne) et Extinction Rebellion (Royaume-Uni). La pensée critique, féministe et post-coloniale, irrigue ces nouveaux mouvements et est très présente au sein des différentes Zones à défendre (ZAD) luttant contre les Grands projets inutiles. En parallèle se développe le réseau Ville en transition, mettant à l’honneur les principes de permaculture, d’entraide, de résilience, de décroissance...
Une nouvelle génération est née avec les grèves scolaires appelées par Fridays for Future/Youth for Climate. Le mouvement des Gilets jaunes aspirant à une relocalisation du politique a popularisé le slogan Fin du monde, fins de mois, même combat. Avec les 34 mesures pour un plan de sortie de crise de « Plus jamais ça » une alliance inédite se réalise entre les organisations syndicales et les associations et ONG écologistes.
Mobilisation !
Dès maintenant, il s’agit de se saisir des différents appels : Youth for climate (19-20 mars), appel de membres de la CCC à se mobiliser « pour une vraie loi climat », soutenu et de nombreuses organisations (28 mars), mobilisations contre la réintoxication du monde (17 avril).
En prévision de la COP26, il s’agit de construire un mouvement international puissant, de renforcer les jonctions entre les peuples, en particulier autochtones, la jeunesse et le mouvement ouvrier.
Dans ce mouvement, les écosocialistes défendent l’arrêt des productions et transports inutiles et la démocratie partout et à tous les niveaux pour œuvrer à une redéfinition des besoins généraux compatibles avec le bien commun ; les luttes locales contre les Grands projets inutiles et pour les alternatives2 ; les désinvestissements massifs pour décarboner l’économie ; la rupture avec le néocolonialisme repeint en vert et la Françafrique ; des investissements sans précédent dans des emplois et des services publics pour la transition ; la rupture des traités européens et accords de libre échange. Contre l’engrenage du libéralisme autoritaire et écocide, faisons front commun pour un élan écosocialiste reflétant les angoisses d’un monde qui se meurt – une situation à laquelle ne peut répondre le logiciel capitaliste de profit à court terme – mais où naissent aussi les aspirations profondes des peuples qui « au creux des lits, font des rêves », ceux d’habiter un monde juste et accueillant.