L’ex-SBFM, aujourd’hui Fonderie de Bretagne, née en 1966, est, par excellence, l’enfant des grandes grèves menées à l’époque par les ouvriers des Forges d’Hennebont. De 1968 à la grande lutte de 2008-2009 où l’ex-SBFM est redevenue filiale de Renault après une lutte radicale, exemplaire et victorieuse, les salariéEs et l’équipe syndicale CGT n’ont cessé, par la grève, le blocage et l’occupation, de résister. 1968, 1974-1976, 1988, 2003-2004 : ce sont des semaines de grève, d’occupation contre les tentatives de liquidation, pour les salaires, l’emploi et l’embauche des jeunes.
Aujourd’hui, les 385 salariéEs de la Fonderie de Bretagne fabriquent, en 3x8, des pièces de fonte pour l’automobile : bras de suspension, collecteurs et coudes d’échappement, porte-fusées.
Quand les traditions ont du bon
Rien d’étonnant à ce que, face à la menace de fermeture de l’entreprise dans le cadre du plan rentabilité de Renault par la suppression massive d’emplois, les salariéEs et la CGT, toutes générations syndicales confondues, forts des luttes menées par le passé, soient immédiatement entrés en grève active. Et ce malgré l’épisode de l’incendie qui a détruit les lignes de production en 2019, remises à neuf dernièrement par un investissement de près de 30 millions d’euros, suivi du ralentissement de la production dans le cadre de la pandémie Covid-19.
À l’annonce du plan de restructuration du groupe avec la fermeture annoncée du site de Caudan, les salariéEs ont décidé la grève avec occupation, blocage de la production et des entrées et sorties de matériel. En moins d’une semaine c’est toute la région qui s’est placée derrière les grévistes. Syndicats, Gilets jaunes ont rejoint la bataille et les responsables politiques de tout bord ont été contraints d’apporter leur soutien. C’est cette conscience du rapport de forces et du savoir-faire dans la lutte « jusqu’au bout » qui a déclenché cette nouvelle riposte. La construction d’un front qui a poussé confédérations syndicales, direction de Renault et gouvernement à trouver une sortie de crise provisoire autour d’un projet qui, tout en ne renonçant pas à l’essentiel, pouvait désamorcer provisoirement une mobilisation d’autant plus inquiétante que le feu couvait aussi à Maubeuge. On constate un premier recul avec la non-fermeture du site, même si l’externalisation reste l’objectif.
Cependant, la vigilance reste de mise. On ne sait pas encore quel sera le sort des personnels intérimaires, il n’y a pas encore de garantie sur la possibilité de faire remonter la production à 30 000 tonnes annuelles. Et l’ensemble des salariéEs des différents sites et activités de Renault sont toujours concernés par la volonté de rendre plus « profitable » le groupe Nissan-Renault-Mitsubishi.