Mouvement historique : environ 900 salariéEs de l’entreprise Aéroports de Paris (ADP) ont manifesté ce jeudi 17 septembre sur Roissy avec 30 % de grévistes. Cela n’était pas arrivé depuis plus de 20 ans, pour les 35 h. La plupart des salariéEs n’avaient même jamais fait grève. ADP est l’entreprise qui gère et exploite tous les aéroports et aérodromes autour de Paris dans un rayon de 50 km, et jusqu’à présent ultra bénéficiaire.
Certes il faut lutter contre la pandémie, mais le Covid -19 sert de prétexte aux patrons pour accélérerde la destruction des protections sociales et des valeurs humanistes. ADP est très rentable, rien ne justifie de vendre une telle poule aux œufs d’or.
De l’argent, il y en a
La feuille de route de l’Union européenne est appliquée à la lettre, et ADP, qui a déjà subi la privatisation en 2005, l’État ayant vendu 49 % des parts, continue le massacre. Suivi par Vinci, qui avec ses 8 % voulait devenir majoritaire avec la privatisation prévue. ADP est très rentable, depuis 2005, c’est plus de 2 milliards qui ont été versés aux actionnaires.
ADP touche sa part du CICE et autres aides mais fait comme les autres grands patrons : ils virent les ouvrierEs et restructurent pour viser le modèle de l’aéroport d’Atlanta : environ 800 personnes et un max de sous-traitance et de contrats précaires contre les 6 300 emplois actuels.
Certes le nombre de vols avec la crise du virus a baissé des deux tiers et les recettes avec, mais les solutions créatives et sociales pour donner du travail bien rémunéré à tous ne manquent pas. Surtout qu’on nous parle d’un retour au monde d’avant dans les meilleurs délais et donc avec les mêmes fonctionnements dystopiques.
Un plan de vol bien au point
L’arnaque est partout la même, si tu n’acceptes pas les restructurations violentes APC (Accord performance collective) et APLD (Activité partielle longue durée), tu n’auras pas les RCC (Rupture conventionnelles collectives) qui sont vécues comme des préretraites par les salariéEs, c’est tout ou rien.
Tout y passe avec l’APC, sous prétexte mensonger de mesures provisoires de quelques années : baisse des heures majorées de nuit et week-end, comité d’entreprise, perte des kilomètres voiture remboursés pour venir au boulot, part variable des cadres, mutuelle désormais à la charge des salariéEs pour moitié (soit 50 € mensuels de perte), cotisations retraites, tous les acquis sociaux sont attaqués. Le PDG Augustin De Romanet agit en bon élève placé par le gouvernement.
1 400 départs sont programmés dans l’année qui vient, on va faire bosser ceux qui restent. Avec un salaire réduit et une flexibilité maximum : avec le chômage partiel sur deux ans, le patron fait venir qui il veut, quand il veut, et renvoie les autres au chômage. Délai de prévenance : 48 h !
Des turbulences en vue
Les trois « accords » sont présentés conjointement à la signature des syndicats d’ici le 23 octobre, la mobilisation née de la base va se poursuivre, en parallèle des négociations. Les salariés des autres entreprises et spécialement de l’aérien ont tout intérêt à se solidariser avec cette lutte et entrer aussi en résistance. L’exemple de l’APC signé chez Derichebourg était un premier test, sur les aéroports, d’Air France aux nombreuses entreprises sous-traitantes, les patrons sont à l’offensive pour faire accepter des sacrifices salariaux. Soi-disant pour sauver l’emploi. Et à des salariéEs qui ont déjà beaucoup souffert des pertes de salaire liées au chômage partiel.