Publié le Jeudi 22 octobre 2020 à 14h31.

Notre vision du combat syndical

Parfois enthousiasmante, souvent laborieuse, l’activité syndicale fait partie intégrante de l’activité des militantEs qui se battent pour une société émancipée. Elle concentre les nombreuses contradictions auxquelles nous devons faire face : bureaucratie, dynamique collectives, rapport à l’État… et entre réformes et révolution.

 

Beaucoup imaginent que les conditions dans lesquelles nous militons aujourd’hui seraient totalement différentes de ce qu’elles ont été par le passé, qu’aujourd’hui les syndicats seraient bien plus intégrés au capitalisme ou moins implantés, qu’il serait possible voire souhaitable de s’extraire de ces organisations pour « faire de la politique ». On verra que ces débats sont loin d’être neufs et traversent le mouvement ouvrier depuis ses origines.

Militer pour changer la société… et changer de société

Engels explique que le rôle du syndicat est d’abord de défendre le prix auquel le patron paye la force de travail. « En conséquence, les ouvriers se coalisent afin de se placer en quelque sorte sur un pied d’égalité avec le capitaliste pour ce qui est du contrat de vente de leur travail. Telle est la raison (la base logique) des syndicats. Ce qu’ils recherchent, c’est d’éviter que, sous la pression directe d’une détresse qui lui est particulière, l’ouvrier ne soit contraint de se satisfaire d’un salaire inferieur à celui qui était fixé auparavant par l’offre et la demande dans la branche d’activité́ déterminée, de sorte que la valeur de la force de travail tombe au-dessous de son niveau traditionnel dans cette industrie. Remarquons que cette valeur de la force de travail « représente pour l’ouvrier lui-même le minimum de salaire, et pour le capitaliste le salaire uniforme et égal pour tous les ouvriers de l’entreprise »1.

Il s’agit fondamentalement de défendre ses droits élémentaires, ne pas crever de faim ou se prémunir des dangers dans l’organisation du travail.

Avec les luttes sociales et l’amélioration du rapport de force entre ouvriers et patrons, la loi et les accords collectifs sont  venus codifier des droits syndicaux. Surtout dans les grandes entreprises et les services publics, se sont mises en place des représentations du personnel et implantées des sections syndicales avec des salariéEs protégéEs, des heures de délégation ou de décharges qui permettent de formuler les demandes des personnels, de les défendre, souvent individuellement, pour faire respecter leurs droits et, de temps en temps, en conquérir de nouveaux. Ces garanties collectives rejaillissent à des degrés divers sur l’ensemble des travailleurs/ses par les conventions collectives.

Ce rôle de défense des droits se prolonge dans les grandes mobilisations collectives. Dans les mobilisations sur les retraites en 2003, 2010 et 2019, contre le CPE (Contrat première embauche), pour la défense de la Sécurité sociale en 1995 ou contre les lois Travail, contre la réforme de la SNCF, pour le meilleur et pour le pire, les syndicats ont joué un rôle central, gardant malgré – ou contre – les structures d’auto-organisation et sous les pressions plus ou moins importantes des masses, la main sur les rythmes des mouvements, sifflant le début – la première journée de grève – comme la fin des mobilisations. Parfois, au-delà des consignes des confédérations syndicales, se poursuivent des tentatives de continuer le mouvement qui, si elles peuvent représenter de expériences positives, ne sont pas parvenues à déborder les appareils syndicaux.

Pour des dizaines de milliers de militantEs, les organisations syndicales sont une expérience d’émancipation, de sortie de l’aliénation – prendre le temps de réfléchir, de ne pas seulement subir l’organisation du travail imposée d’en haut. La classe ouvrière ne peut pas gagner de place dirigeante dans le système capitaliste, ses positions sont toujours instables, mais elle peut gagner des positions locales, sectorielles. Trotsky parlait d’« embryons de démocratie prolétarienne au sein du capitalisme ». On le perçoit lorsque dans les derniers mouvements, dans les assemblées générales de la RATP les salariéEs de base discutent du rapport entre eux et les chefs pendant la grève et après, lorsque dans une heure d’information syndicale ou un entretien avec unE chef de service on formule collectivement des besoins, des embryons de revendications, ou quand on remercie un représentant syndical pour un accompagnement pour un entretien disciplinaire.

Ces solidarités, ces expériences collectives constituent par elles-mêmes des points d’appui pour les périodes de confrontation. D’un côté parce que, dans les mouvements, les rapports de confiance établis lors de luttes quotidiennes, parfois minimes, constituent des expériences pour avancer, se donner confiance (« on a commencé touTEs ensemble cette grève, on la terminera touTEs ensemble »), se représenter la réalité du rapport de forces (mesurer la combativité des collègues, en fonction de ce qu’on connait de leurs parcours de vie, de leurs habitudes « si celui-là fait grève, alors c’est qu’il se passe vraiment quelque chose d’exceptionnel »)…

Ainsi se construit une capacité d’action, en un mot on contribue à constituer le prolétariat en classe consciente de ses propres intérêts. L’unité de la classe ne se constitue pas du jour au lendemain lors des grandes luttes de masse, elle se construit en lien avec sa situation préalable, les liens et expériences qui existent chez les militantEs. C’est un élément capital car la révolution est bien le moment où la classe des prolétaires prend conscience de son rôle et de sa force dans une crise politique, s’unifie pour affronter la classe dominante et entraîner les classes intermédiaires.

Syndicats et révolutionnaires

Mais tout cela a un revers. On l’a vu, le rôle fondamental est de vendre la force de travail à sa valeur. Cela conduit les organisations syndicales, même les plus valeureuses, à situer leur action au jour le jour au sein du capitalisme. On soutient que les syndicats sont réformistes par nature. Comment pourrait-il en être autrement puisque le but des syndicats est de rassembler des milliers de travailleurs/ses qui ne sont pas révolutionnaires ? Les anarchistes et syndicalistes révolutionnaires n’ont pas résolu ce problème. Pour eux, le syndicat est la forme du pouvoir des travailleurs mais ils ne résolvent pas la question de la prise du pouvoir, à l’exemple de la révolution espagnole.

Pour les marxistes révolutionnaires, plutôt que de nier la contradiction entre des masses non révolutionnaires et des objectifs qui le sont, il faut apprendre à la gérer. Le débat entre Lénine et Trotsky sur la militarisation des syndicats2 apporte une dimension fondamentale à cette discussion – « Notre État est tel aujourd’hui que le prolétariat totalement organisé doit se défendre, et nous devons utiliser ces organisations ouvrières pour défen¬dre les ouvriers contre leur État et pour que les ouvriers défen¬dent notre État. » – puisque Lénine comprend que la défense des intérêts immédiats par les syndicats interagit avec les objectifs politiques du parti et de l’État, même prolétarien.

Il y a bien une contradiction pour des révolutionnaires à militer dans des organisations non révolutionnaires, mais il faut apprendre à la gérer plutôt que lui tourner le dos. Un débat qui est loin d’être neuf : « Non moins enfantines et ridicules doivent nous paraître les graves dissertations tout à fait savantes et terriblement révolutionnaires des “gauches” allemands qui prétendent que les communistes ne peuvent ni ne doivent militer dans les syndicats réactionnaires, qu’il est permis de refuser ce travail, qu’il faut sortir des syndicats et organiser, sans faute, une “union ouvrière” toute neuve, toute proprette, inventée par des communistes bien gentils (et, pour la plupart, sans doute, bien jeunes), etc., etc. »3 Il faut intégrer l’idée que les syndicats, si mous soient-ils, représentent, de façon déformée, la conscience de pans entiers des masses, c’est-à-dire leurs préoccupations immédiates, concrètes, leurs espoirs sur les possibilités que donne l’action ou la négociation – autrement dit la collaboration de classe.

Pour les révolutionnaires, comprendre ce « niveau de conscience », c’est se placer au cœur des débats réels pour avancer, « être un pas en avant des masses » pour être avec elle dans les étapes de leur prise de conscience. Si on tourne le dos à ces expériences, alors on laisse le terrain à des organisations qui y répondent. La CFDT s’est en grande partie construite ces dernières décennies sur les terrains vides, en organisant le « dialogue social » entre travailleurs/ses, chefs et patrons, se contentant d’accompagner les reculs de la plupart et la promotion de certains dans la hiérarchie.

Mais là encore, rien de neuf. Une lettre d’Engels à Bebel est saisissante de ce point de vue :

« [Les vieux syndicats] ont tranquillement conservé les caractéristiques corporatives de leurs débuts, et celles-ci deviennent de jour en jour plus insupportables. Vous croyez peut-être que n’importe quel ouvrier de la profession peut adhérer sans façon aux syndicats de mécaniciens, de charpentiers, de maçons, etc. ? Absolument pas. Pour pouvoir adhérer, il faut avoir été attaché comme apprenti pendant un certain nombre d’années (le plus souvent sept) à quelqu’un qui appartient au syndicat. Cette mesure, qui devait limiter le nombre des ouvriers, s’est cependant avérée tout à fait inefficace, sans parler du fait que le maître de l’« apprenti » touchait un argent pour lequel il ne travaillait pas. Cela pouvait se concevoir à la rigueur jusqu’en 1848. Mais il y a eu depuis un essor inouï de l’industrie, qui a produit une classe d’ouvriers aussi nombreuse, sinon plus, que celle des ouvriers « qualifiés » des syndicats. Or, ces ouvriers nouveaux sont aussi actifs, sinon plus, que les ouvriers « qualifiés », mais ne peuvent faire partie des syndicats.

Les ouvriers « qualifiés » se développent littéralement en vase clos, grâce aux règlements corporatifs des syndicats. Tu t’imagines sans doute que ces syndicats pensent qu’il faut abolir toutes ces stupidités ? Pas le moins du monde. Je n’ai pas souvenir d’avoir jamais lu la moindre proposition en ce sens à un quelconque congrès syndical. »4

Dans la lutte quotidienne la plus élémentaire, les révolutionnaires peuvent apporter leur compréhension plus globale des rapports de force et, ce sur quoi insiste souvent Lutte ouvrière, avec des organes de discussion entre les salariéEs : AG où l’on peut prendre la parole, élection de comité de grève. Bien que la situation, l’éclatement du prolétariat, la méfiance (au mieux) vis-à-vis des organisations syndicales travaillent contre nous, nous pouvons faire expérimenter ses structures d’auto-organisation et d’émancipation collective.

Tous ces éléments forment le socle de notre vision de l’indépendance syndicale. Il n’y a pas là une question morale ou idéologique, mais la compréhension de l’utilité de respecter les rythmes, d’unifier en se basant sur la réalité des objectifs, des préoccupations des masses, pas de celles que nous imaginons.

On imagine souvent la simple interaction entre les révolutionnaires et les travailleurs/ses mobiliséEs, les bureaucraties devenant alors des ennemis communs à une supposée « avant-garde large », mais la réalité est bien plus complexe et contradictoire car il ne faut pas oublier l’immense masse inactive, qui se reconnaît dans les positions les plus passives, les plus conciliatrices… et qui perçoivent les bureaucrates comme des personnages ultra radicaux et utopistes. Sans parler de cette frange intermédiaire, qui a perdu confiance dans l’action collective, qui ne fait jamais grève sous prétexte que les journées de grève ne servirait à rien et qu’il faudrait trouver d’autres formes de lutte… Des préoccupations compréhensibles mais qui sont encore plus passives que celles des bureaucrates qui cherchent à construire des mouvements.

Des principales structurants

L’intervention des révolutionnaires se conçoit sur la base de principes généraux à adapter concrètement.

Le premier est que les syndicats sont réformistes par nature et que tout syndicat un minimum représentatif subit une pression gigantesque aboutissant quasi mécaniquement à son intégration à l’appareil d’État à pratiquement tous les niveaux, de la base au sommet, avec des modalités et des ampleurs variées. Commissions administratives, élections professionnelles, négociations annuelles obligatoires, intéressement, comités d’entreprise, tout cela constitue une pression irrésistible. Les bouleversements en cours, les réformes de la représentativité comme la casse des grandes structures collectives de travail, permettent de reposer ces questions, par exemple le rapport entre syndicalisme d’entreprise et structuration géographique et interprofessionnelles, de faire réfléchir, mais hors période révolutionnaire, il n’y a quasi aucune chance de construire un syndicat indépendant de l’appareil d’État et du patronat.

De ce point de vue, nous sommes grosso modo pour l’unité syndicale car, pour nous, il n’y a pas de différence fondamentale entre les organisations syndicales, qui sont à la fois des organes de défense de la classe et présentent des déformations bureaucratiques à des à des niveaux très différents. Cela dit, ce principal général est percuté par le fait qu’un haut degré d’inégration aux institutions et au dialogue social, ainsi que les champs de syndicalisation, percutent ce principe : en effet, on ne peut pas vraiment considérer que la CGC est un syndicat tandis que, dans de nombreuses entreprises où elles ne sont que le relais du patron, pour la CFDT et FO, la question est posée.

Second point, le rapport avec la bureaucratie n’est pas un débat d’idées. En effet, issue de la dialectique des conquêtes partielles – difficultés à prendre le risque de perdre ce qu’on a gagné qui conduit à substituer la défense du syndicat à la défense des intérêts de la classe – et de l’intégration d’individus au système, par des avantages matériels auxquels il est difficile voire impossible de renoncer (retourner au travail, baisser sa rémunération…), c’est la constitution d’une couche sociale qui défend (consciemment ou non) ses propres intérêts, différents quoique parfois liés à ceux des masses (le meilleur exemple étant l’implication de FO dans la lutte contre le plan Juppé en 1995 en bonne partie parce que celui-ci aurait privé FO de sa gestion des caisses de Sécu…).

Les révolutionnaires doivent donc garantir leur pleine indépendance vis-à-vis de la bureaucratie, en comprendre les phénomènes et les dynamiques. Ainsi, avant d’accepter de participer à une instance syndicale, on réfléchit toujours aux garanties qu’on l’on aura de conserver une activité professionnelle, un lien avec la base, et de peser sur les débats en s’appuyant sur l’auto-activité. Tout en maintenant une indépendance par rapport aux militantEs bureaucratiséEs, on ne confond pas, dans une position moralisatrice, ses militantEs, jusqu’à un certain niveau, sincères et démuniEs face à la passivité des masses, avec le phénomène social qui produit leur positionnement. On essaie de donner confiance dans la promotion de l’auto-activité des salariéEs, dans l’auto-organisation. On essaie de poser le plus possible les problèmes d’orientation, sur le fond, car la contestation des dérives antidémocratiques qui pouvent choquer ne constitue en général par un ciment suffisamment solide pour construire seule des orientations alternatives à celles des appareils. En effet les actions antidémocratiques peuvent produire également une démoralisation concernant l’organisation collective et un rejet de toute forme d’organisation.

Ce qui est en lien avec le troisième point. La plupart du temps, les bureaucrates considèrent le syndicat comme le représentant des salariéEs, y compris celles et ceux qui ne sont pas syndiquéEs et les plus passifs. Ce n’est pas notre conception. Les syndicats représentent pour nous une fraction qui a plus ou moins conscience des intérêts de classe à défendre, ce que Mandel appelle les « travailleurs avancés »5. Celle-ci ne peut se contenter des convictions des « larges masses », elle doit jouer un rôle actif, un rôle d’entraînement, de mise en mouvement. En ce sens, les syndicalistes ont toujours intérêt à se lier sur les salariéEs qui veulent agir, même si c’est de façon désordonnée ou gauchistes, pour leurs proposer un cadre plus efficace, et à leur proposer des structures d’organisation démocratiques.

Enfin, les syndicats ne sont pas des partis, ils ne sauraient être régis par un centralisme démocratique, chaque groupe ou militantEs devant se soumettre à une discipline. Ils sont une libre coalition d’individus dans des structures qui elles-mêmes se fédèrent. La classe est plurielle, hétérogène, elle a besoin que s’exprime ses différences, ses rythmes d’action variés. Nous luttons contre toute forme de centralisme, caporalisme, qui est prédominant à la CFDT et s’exprime notamment, à la CGT, par le système des cotisations ou les multiples tentatives visant à donner plus de pouvoir aux fédérations sur les syndicats, à la Confédération sur les fédérations, aux Unions régionales sur les Unions locales, aux représentantEs désignéEs par les structures sur les responsables de syndicats, etc.

Quelle activité concrète pour les révolutionnaires ?

Le premier principe est que, en règle générale, on est syndiqué et on essaie d’agir syndicalement, quitte dans un premier temps à ne suivre que la ligne générale (plus ou moins correcte localement) imprimée par les directions. On participe aux permanences, aux réunions d’information, on travaille dans les institutions, on défend individuellement ses collègues. C’est ainsi qu’on apprend à connaître son milieu, les droits et devoirs, les préoccupations des collègues, les points d’appui et difficultés.

Des militantEs ne veulent pas faire ce travail sous prétexte que les syndicats seraient maintenant trop intégrés, contrairement à un prétendu âge d’or des syndicats. En 1940, cette discussion est abordée par Trotsky avec la subtilité qui le caractérise dans cette période difficile : « en dépit de la dégénérescence continuelle des syndicats et de leur intégration progressive à l’État impérialiste, le travail au sein des syndicats non seulement n’a rien perdu de son importance, mais reste comme auparavant, et devient dans un certain sens même, révolutionnaire. L’enjeu de ce travail reste essentiellement la lutte pour influencer la classe ouvrière. Chaque organisation, chaque parti, chaque fraction qui prend une position ultimatiste à l’égard des syndicats, c’est-à-dire qui en fait, tourne le dos à la classe ouvrière, simplement parce que ses organisations ne lui plaisent pas, est condamnée à périr. Et il faut dire qu’elle mérite son sort. »6

Le second principe, on l’a déjà abordé, est qu’on tente d’être un pas en avant. Si on est isolé, c’est aborder de nouvelles question qui peuvent raisonner dans les tête des  collègues : « est-ce que tout le monde a ce problème de perte de jours de congé ? », « est-ce normal que tel ou tel droit ne soit pas respecté ? », s’opposer au racisme, au sexisme, à l’homophobie… Si les conditions sont favorables, on peut poser des questions qui vont bien plus loin, sur les questions internationales, la bureaucratie, des revendications transitoires comme la répartition du temps de travail pour supprimer le chômage, l’interdiction des licenciements, structurer des oppositions syndicales conscientes à la direction… Ou encore, dans les luttes, tirer dans le sens de l’auto-organisation, de structures démocratiques élus – comité de grève, coordinations avec des représentantEs… – et de la perspective de la grève générale comme moyen à la fois de construire le rapport de forces et de contester le pouvoir.

Enfin, on discute politique, tout en respectant l’indépendance syndicale. Lénine disait que « la conscience de classe vient de l’extérieur de la lutte économique » et effectivement on constate que ce qui permet à de nombreux/ses militantEs de franchir un cap, de se poser les questions non plus à l’échelle de leur entreprise mais de leur classe, c’est la compréhension de questions « en plus » : l’internationalisme, l’écologie, le féminisme, qui font comprendre que notre combat ne peut se contenter de revendications immédiates.

Cette question de faire de la politique dans le syndicat et avec ses collègues devient d’autant plus importante dans une situation de crise profonde du système comme celle que nous vivons aujourd’hui. En effet, il n’est plus très crédible de penser que l’on peut obtenir une victoire sur la réforme des retraites ou l’assurance chômage sans poser la question de rapports de forces globaux entre les classes, de qui nous dirige, de comment les mettre réellement en difficulté, c’est-à-dire de faire poindre la question de la grève générale, de la remise en cause du pouvoir de la bourgeoisie.

  • 1. Marx, chapitre inédit du Capital, dit “Chapitre VI”, cité par Marx, Engels, Le syndicalisme, tome 1, Théorie, organisation, activité, page 60.
  • 2. Les syndicats, la situation actuelle et les erreurs de Trotsky, Lénine, 1920, https://www.marxists.org….
  • 3. La maladie infantile du communisme, le gauchisme, Lénine, mai 1920.
  • 4. Engels à Bebel, 28 octobre 1885, Le syndicalisme, tome 1, Théorie, organisation, activité, page 203.
  • 5. Lénine et le problème de la conscience de classe prolétarienne, Ernest Mandel, 1970, https://www.ernestmandel…
  • 6. Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste, Léon Trotsky, août 1940.