Contrairement à 2017, l’issue du second tour semble moins évidente avec la progression de Marine Le Pen et de l’extrême droite. L’apparition du candidat fasciste Zemmour n’affaiblit pas la candidate traditionnelle de l’extrême droite qui progresse en nombre de voix, elle la renforce. Son profil lui permet d’achever sa stratégie de dédiabolisation. Mais la candidature Zemmour permet également à l’extrême droite de pénétrer dans de nouvelles couches sociales, notamment de la bourgeoisie et en particulier dans les villes habituellement hostiles à l’extrême droite, comme à Paris où il arrive en troisième position.
Le rejet de la politique de Macron, et notamment de son autoritarisme allié à son profil de président des riches, semble provoquer un effet « tout sauf Macron » dont nous commençons seulement à mesurer l’ampleur. Combiné avec la profonde banalisation de l’extrême droite, une part importante de notre camp ne mesure plus le danger spécifique que représente l’extrême droite. C’est notamment le bilan que nous tirons des mobilisations antifascistes de l’année écoulée. Enfin l’usure du mécanisme du barrage électoral semble pousser les antifascistes vers l’abstention. Les conditions sont donc réunies pour l’accession au pouvoir de Marine Le Pen même si ce n’est pas l’option majoritaire dans la classe dominante. Parmi ces différents éléments, le plus grave est l’incompréhension du danger spécifique que représente l’extrême droite et la possibilité du fascisme dans la période.