Le 1er confinement a été un désastre pour les femmes. Et alors que nous sommes plongéEs dans un reconfinement, il y a peu de chances que celui-ci soit moins problématique...
Les chiffres sont implacables : dès le départ, le premier confinement a montré une augmentation nette des violences dites intra-familiales. On estime à 30 % cette augmentation dans le cadre du foyer. Les associations, comme le numéro vert, étaient saturées. La réponse du gouvernement, à l’image de ce qu’il fait sur l’ensemble des sujets, a été à peu près inexistante. Pas d’ouverture de lits dans les centres d’accueil, aucune réquisition de logements vides qui auraient pu permettre aux femmes avec enfants de fuir leur foyer violent. Les mesures se sont résumées comme à chaque fois à des campagnes publicitaires largement insuffisantes et qui ne règlent rien. Pendant le confinement, les femmes ont trinqué quand elles n’en sont pas mortes. Dans le même temps, ce confinement a aussi été le signe du manque d’accès aux soins, en particulier à l’IVG, pour laquelle les députés En Marche ont refusé avec la droite l’augmentation du délai pour avorter malgré le contexte de confinement.
Un 2e confinement sous le signe de la violence sociale
Le deuxième confinement (avec le couvre-feu), s’il n’est pas identique, pose les mêmes problèmes : il brise les cadres sociaux, renforce l’isolement des femmes qui se trouvent déjà isolées dans le cadre d’une relation violente, enferme les femmes dans un cadre familial qui, on le sait, produit largement des violences en son sein. Alors que les licenciements et le chômage vont augmenter massivement, cela va produire de plus en plus de comportements violents, a fortiori quand la société est aussi violente. Sur ce terrain, la production d’un discours guerrier contre les musulmanes et musulmans a forcément des conséquences concrètes en particulier sur les femmes voilées premières victimes de l’islamophobie.
La violence est aussi psychologique : nombreuses sont les femmes et les mères surchargées par les tâches de reproduction sociale, isolées, sans rapports de force à faire valoir dans leur foyer.
Et, on l’oublie souvent, la violence est aussi économique, notamment parce qu’une grande partie des femmes sont des travailleuses précaires : sans forcément de contrat de travail, elles peuvent se retrouver aujourd’hui sans emploi, mais surtout sans revenus ou avec des revenus largement amoindris. Lorsqu’elles travaillent, elles sont alors nombreuses à être en première ligne (soignantes, caissières, femmes de ménage), soumises à des risques sanitaires importants, et à des cadences infernales.
À partir de la situation actuelle, on peut faire au moins deux constats. Premièrement, oui, les crises ont un effet concret sur la construction de la violence, y compris dans les foyers. Deuxièmement, il y a bien un continuum entre les violences : dans une période difficile, les insultes se transforment en passage à l’acte, c’est-à-dire en violence physique.
Construire une politique conséquente contre les violences conjugales
Une fois ces constats dramatiques dressés, la question principale reste de savoir comment agir contre ces violences. Les violences ne sont certainement pas une fatalité, il est possible de mettre en place d’autres rapports sociaux : ceux-ci se modifient en partie par le gain d’une autonomie des femmes, par le fait de maîtriser sa propre sexualité, de pouvoir s’approprier son corps, par la mise en place d’éducation non-sexiste, par la dynamique de la lutte des classes et des luttes des oppriméEs.
Mais elles sont une fatalité d’une manière ou d’une autre dans le système capitaliste, parce qu’elles permettent de le maintenir, à fortiori dans la situation que nous vivons maintenant. Pourtant il y a aussi des possibilités d’agir concrètement : organiser des réseaux de solidarité pour prendre en charge les femmes qui ont sont victimes à l’échelle d’un quartier ou d’une entreprise, se mobiliser massivement, malgré les difficultés liées à la situation, le 21 et le 25, refuser le confinement et l’isolement que nous impose le gouvernement.