Publié le Vendredi 3 mars 2017 à 09h44.

Contre le chômage et la pénibilité, une revendication féministe : la réduction du temps de travail

Les femmes gagnent en moyenne 27 % de moins que les hommes, et occupent 80 % des emplois à temps partiel.

Elles ont des emplois plus précaires et avec des horaires éclatés, et sont assignées aux métiers d’aide à la personne… Il y a une spécialisation et une hiérarchisation qui font des femmes des travailleuses encore plus exploitées que leurs collègues masculins, tout cela pour le plus grand bénéfice du patronat qui s’en sert pour disposer d’une main-d’œuvre meilleur marché, tirant ainsi l’ensemble des salaires vers le bas en mettant les hommes et les femmes en concurrence. À cela s’ajoute la dégradation générale des conditions de travail qui pèse encore davantage sur les femmes à cause de la nature des emplois qu’elles occupent : stress, maladies professionnelles, burn-out, etc.

Cette spécialisation dans certains métiers renvoie aux qualités prétendument naturelles des femmes. Mais comment expliquer qu’une sage-femme, qui a fait cinq années d’études et a des responsabilités importantes, ne gagne qu’environ 2 000 euros par mois alors qu’un médecin va gagner beaucoup plus... et sera rarement une femme ? Sur un autre thème, pourquoi la législation a-t-elle tant de retard pour encadrer le port des charges lourdes vivantes dans le cas des soins ou l’usage des produits chimiques utilisés pour faire le ménage ?

Des batailles spécifiques à mener

La répartition tellement disproportionnée des temps partiels entre hommes et femmes arrange d’une certaine façon tout le monde : les hommes qui se déchargent des tâches ménagères sur les femmes (80 % sont effectuées par les femmes) mais surtout l’État et le patronat qui renvoient au cadre privé familial la prise en charge des jeunes enfants et des personnes dépendantes, toutes les tâches de manière générale qui concernent l’entretien des personnes, ex, futurs ou ­actuellement travailleurEs...

Il y a véritablement des batailles spécifiques à mener pour améliorer les conditions de travail de touTEs, en particulier celles des femmes. Il faut sanctionner fortement les entreprises qui ne réduisent pas rapidement les inégalités salariales, interdire les temps partiels imposés et les contrats précaires pour faire du CDI à temps plein la norme, et renforcer les CHSCT, la médecine du travail, la législation sur la pénibilité… Et surtout il faut réduire massivement le temps de travail sans baisse de salaire et avec des embauches compensatoires, pour que touTEs puissent travailler, partager les tâches ménagères, gagner sa vie convenablement, ne s’épuisent pas au travail, et prennent le temps de profiter et de s’impliquer dans la vie sociale et politique.